L’argent dans la psychanalyse

Pour traiter de ce thème nous allons nous appuyer, dans un premier temps, sur les propositions théoriques de Freud, pour ensuite consulter d’autres auteurs qui ont réfléchi sur cette question.

Freud dans son article de 1917, « Sur les transpositions de pulsions particulièrement dans l’érotisme anal »  se questionne sur la manière dont se « répartissent les différentes possibilités qui décident du destin de l’érotisme anal » et pose comme point de départ de sa démonstration que :

‘« Dans les productions de l’inconscient - idées, fantasmes et symptômes - les concepts d’excrément (argent, cadeau), d’enfant et de pénis se séparent mal et s’échangent facilement entre eux. »42

Quelques lignes plus loin, il précise qu’il transfère à tort, sur l’inconscient : « des désignations qui sont utilisées pour d’autres domaines de la vie psychique » et qu’il se laisse entraîner par l’avantage de la comparaison. Malgré ce bémol qu’il apporte à sa pensée, il fortifie sa position par l’aspect irrécusable du traitement de ces éléments par l’inconscient, dans l’équivalence des uns par rapport aux autres, et dans la substitution des uns par rapport aux autres.

Nous allons nous intéresser à ce qui est au cœur de notre travail, c’est à dire au lien entre l’excrément et l’argent.

Pour Freud :

‘ « L’excrément est précisément le premier cadeau, une partie du corps du nourrisson dont il se sépare que sur l’injonction de la personne aimée et par quoi il lui manifeste sa tendresse même sans qu’elle le lui demande : car en règle générale, il ne salit pas les personnes étrangères. La défécation fournit à l’enfant la première occasion de décider entre l’attitude narcissique et l’attitude d’amour d’objet.Ou bien il cède docilement l’excrément, il le « sacrifie » à l’amour ou bien il le retient pour la satisfaction auto-érotique et, plus tard, pour l’affirmation de sa propre volonté. Par cette dernière décision est constitué l’entêtement (obstination), qui naît donc d’une persistance narcissique dans l’érotisme anal. »43  ’

Freud signifie que le don d’une partie du corps de l’enfant est effectué par celui-ci sur injonction de la personne aimée, et dans le but de montrer sa tendresse.

La question que soulève ce point théorique est : qu’en est-il de la valeur accordée par la mère aux fèces, avant que celles-ci lui soient données ? Se pose ici la valeur de l’échange, et de ce qui est échangé.

Dans le cadre de la relation anale, nous constatons que cette relation est la première relation où il y a en jeu un « tiers » : l’enfant-l’excrément-la mère. La relation organique est le support à l’activité fantasmatique en terme d’équivalence symbolique d’une relation ternaire.

Comment la mère va constituer cet objet tiers dans l’échange, c’est à dire de quel contenu est faite cette demande ?

Dans cette transposition de la pulsion, nous remarquons que l’axe transformationnel lié au passage des fèces au cadeau présuppose une transformation psychique de l’objet dans son rapport d’échange avec l’autre ; Freud n’a pas développé cette transformation de l’objet dans l’échange et pose le don comme vecteur de l’échange.

En effet, la question qui se pose pour l’enfant est : ce que je vais te donner, vas-tu l’aimer, vas-tu accorder à cet objet la valeur que je lui accorde, c’est à dire une partie de moi pour que cela ait valeur de cadeau pour toi ?

Freud poursuit sur le lien avec l’argent, en notifiant que l’enfant ne connaît que l’argent qu’on lui donne, en d’autres termes, l’argent n’est pas le résultat d’un échange lié au travail, pas plus qu’il n’est l’objet d’un héritage. A partir de la prévalence de l’excrément comme premier cadeau, l’enfant :

‘« Transfère aisément son intérêt de cette matière à cette matière nouvelle qui dans la vie se présente à lui comme le cadeau le plus important. »44

Nous constatons que la notion de don est paradigmatique dans l’analyse freudienne ; le don de l’enfant vers les adultes ainsi que le don des adultes vers l’enfant. Cette récurrence du don nous amène à poser la question de l’échange ainsi que de la valeur accordée au donateur ainsi qu’au donataire.

En effet, peut-on considérer que don et échange s’équivalent dans la relation intersubjective ?

Dans quelle mesure la valeur accordée à l’objet donné intervient-elle comme variable dans cette relation ?

Nous mettrons ces questions en travail quand nous traiterons de la place de l’argent dans notre clinique. 

Dans son analyse de l’homme aux loups, Freud relie l’argent à l’enfant, il nous fait part, dans la retranscription de la psychanalyse de cet homme que :

‘ « Ainsi, par un détour passant par leur rapport commun au sens de « cadeau », l’argent peut en venir à avoir le sens d’enfant, et ainsi arriver à exprimer une satisfaction féminine (homosexuelle). …Se trouvant un jour dans un sanatorium allemand avec sa sœur, il vit son père donner à celle-ci deux gros billets de banque. Il avait toujours, en imagination, suspecté les rapports de son père avec sa sœur ; sa jalousie alors s’éveilla ; dès qu’ils furent seuls, il se jeta sur sa sœur, et réclama avec une telle violence et de tels reproches sa part de l’argent que celle-ci en larmes lui lança le tout. Ce qui l’avait irrité, ce n’était pas seulement le cadeau d’argent en lui-même, mais bien plutôt le cadeau symbolique d’un enfant, la satisfaction sexuelle anale donnée par leur père. »45

Le lien entre l’argent et l’enfant est envisagé dans un rapport direct. Il apparaît comme l’objet substitut de l’enfant, autrement dit l’équivalence symbolique argent et cadeau s’ouvre vers une proposition théorique où l’objet de la pulsion diffère car il renvoie au désir d’enfant. Cette proposition laisse supposer que l’analité ne serait plus à l’œuvre dans le lien à l’argent mais qu’il s’agirait plutôt de la génitalité.

Nous pensons, en lien avec la notion de la valeur accordé à l’objet dans l’échange, comme nous venons de le préciser précédemment, qu’il s’agit ici de la polysémie de l’objet argent qui est en cause, et non une opposition entre pulsion anale et pulsion génitale.

Dans l’analyse de notre clinique, nous essayerons de démontrer la polysémie de l’objet argent, objet protéiforme pour le psychisme.

Toujours dans ce même texte, Freud, donne une autre signification aux fèces en lien avec le complexe de castration :

‘ « Le bol fécal, quand il excite au passage la muqueuse intestinale érogène, joue ainsi envers celle-ci le rôle d’un organe actif : il se comporte à la façon du pénis envers la muqueuse vaginale et est pour ainsi dire le précurseur de celui-ci, au stade cloacal. L’abandon des fèces en faveur (par amour) d’une autre personne devient de son côté un prototype de la castration ; c’est la première fois que l’enfant renonce à une partie de son propre corps pour gagner la faveur d’une autre personne qu’il aime. De telle sorte que l’amour, par ailleurs narcissique, que chacun a pour son pénis, n’est pas sans recevoir une contribution de l’érotisme anal. Les fèces, l’enfant, le pénis, constituent ainsi une unité, un concept inconscient - sit venia verbo - le concept d’une petite chose pouvant être détaché du corps. »46

Freud explicite ici l’équivalence symbolique entre fèces, enfant et pénis mais ne parle pas de l’autre objet équivalent qu’est l’argent.

En mettant en lien les deux textes que nous avons cités, nous sommes autorisés à considérer que l’argent est : cadeau, enfant, pénis, en d’autres termes qu’il est cet objet condensateur du niveau d’organisation libidinale du sujet.

Par ailleurs, la relation anale, considérée comme le prototype de la castration,de la perte de quelque chose au profit d’un gain d’amour, laisse augurer d’autres pistes pour le sujet si la perte est une perte sans plus value.

En effet qu’en est-il si l’échange, comme nous l’avons évoqué précédemment, est échange d’une autre valeur ou d’une valeur non acceptée ?

Ces points fondamentaux seront mis en travail en lien avec notre clinique et dans notre réflexion à partir de nos hypothèses de travail.

S. Viderman, dans son ouvrage : « De l’argent en psychanalyse et au-delà », met l’accent sur la culture dans la valeur accordée à l’argent. Il considère que la production de l’intérieur du corps de l’enfant n’a pas de valeur pour lui ; pour que celui-ci puisse « opérer cette mutation de la valeur de ce qu’il fait » (p.15), il lui faut la médiation d’un certain type de culture transmise par sa mère qui accordera un prix, dans le sens d’une valeur d’échange aux fèces de son enfant, elle introduit ainsi son enfant dans le monde de la culture.

Il développe cette notion, en spécifiant la complexité de notre société moderne dans son rapport à la production, à l’intrication entre l’industrie et la finance, qui font : 

‘« Que la simplicité de cette relation fondamentale, sans être fausse n’est ni tout à fait vraie, ni tout à fait fondamentale.  » 47

S. Viderman ouvre la conception freudienne de l’argent, en l’articulant à d’autres champs, et interroge de fait notre rapport à l’argent en tant que sujet inscrit dans une évolution historique de la civilisation et a fortiori de son mode de paiement : espèce, monnaie scripturale, monnaie électronique.

Dans une même lignée de pensée que S.Viderman, E.Enriquez, dans son article : « l’argent, fétiche sacré », démontre en quoi l’argent peut devenir un fétiche. Il est « un transformateur » ou « un objet de transformation », car il change tous les désirs, qui font partie du registre de la qualité, du difficile à dire, en besoins qui sont de l’ordre de la quantité, et de ce qui s’exprime. Cette transformation : «  se fait par l’argent au moment même où il devient un équivalent général » (p.54). A côté de cet aspect transformateur, l’argent est « un embrayeur », car il n’est pas « cet objet inerte dans lequel va s’épuiser la satisfaction du besoin », il est « un objet vivant qui produit des effets » (p.55), qui possède sa propre énergétique.

De fait, l’argent est pour cet auteur :

‘« Comme substitut de ce phallus que tout le monde cherche et que personne n’attrape. Il permet de dénier la castration symbolique, de ce fait de réengendrer le fantasme de toute puissance, … il renforce  ainsi « un narcissisme  incapable de se remettre en question. »48

L’argent assure aussi une autre fonction qui est d’avoir de « l’emprise sur les autres » car, dans une société d’argent, celui qui en possède a plus ou moins du pouvoir sur les autres. C’est pourquoi, l’argent doit engendrer de l’argent, sans pour autant fabriquer des richesses. Devant ce qu’est devenu le monde, selon l’expression de C. Castoriadis, cité par Enriquez : « un casino financier », l’argent est aimé comme symbole de la puissance phallique, il est devenu fétiche et « dieu incarné » procurant des satisfactions qui seront toujours à reconduire de par sa fonction d’embrayeur.

J. Barus-Michel dans son article : « L’argent ou la magie de l’imaginaire in question d’argent », nous délivre le fruit de ses réflexions, à partir d’une recherche effectuée sur les représentations à l’œuvre dans les rapports à l’argent et aux organisations bancaires, recherche suscitée par les problèmes sociaux, juridiques, et psychologiques liés aux situations d’endettement grave.

L’auteur considère que la définition économique de l’argent : 

‘« Est d’abord et de principe un représentant de la valeur marchande attribuée à la chose contre laquelle il s’échange »49

L’argent ne peut expliciter les différents comportements qu’ont les individus par rapport à l’argent : raisonnables, passionnels, irrationnels jusqu’à jouer leurs vies et celle des autres.

A partir de l’analyse de l’argent comme substance magique qui évoque puissance et pouvoir, l’argent est aussi ce par quoi un sujet va s’estimer : je vaux tant, je vaux plus que ça ; cette double manifestation de l’argent donne à cet objet, selon J. Barus-Michel, une magie :

‘« La magie de l’argent, c’est ce pouvoir sur les choses manifestant l’être mais lié à l’avoir. (Avec de l’argent on peut tout faire). »50

Nous voyons bien ici toute l’étendue des gammes que l’argent peut faire jouer au psychisme, en se situant sur cette crête de l’être et de l’avoir où peut se loger l’identification au phallus etau désir de le posséder, les fantasmes originaires et les complexes familiaux avec ses mises en scène dans le social faute d’avoir pu être élaborés sur la scène psychique.

L’auteur poursuit son analyse sur l’argent, et sa fonction symbolique : « recouverte par l’imaginaire des représentations »  construites à la croisée de multiples facteurs : contexte socioculturel, statut économique, structure psychique, environnement. Trois registres sont développés au carrefour de ces différents facteurs : le registre macro social donne sens à l’argent en fonction du contexte historique dans lequel il se situe ; l’argent n’a pas le même statut dans un régime capitaliste ou dans un régime collectiviste. Le registre socioculturel fait que chaque sujet est marqué par son milieu d’origine avec toutes les représentations afférentes. Le registre individuel et subjectif où :

‘« Des représentations socialement induites rencontrent le fantasme, l’argent prend peu à peu place dans l’histoire du sujet comme représentant possible (signification plus chargée affectivement et en partie inconsciemment) des désirs et des angoisses de l’individu générés dans un rapport à des objets fantasmatiques induits par les relations parentales précoces et les satisfactions, trouvées ou pas, au besoin d’amour, de sécurité et de plaisir. »51

J. Barus-Michel intrique dans son abord du registre individuel et subjectif l’objet argent construit comme objet social par le sujet, et construit comme objet fantasmatique ; ce nouage de deux constructions de l’objet sous tend la multiplicité du mode d’être ou d’avoir à ce même objet, et ouvre le champ d’investigation sur les ratées du processus de subjectivation.

L’auteur souligne par ailleurs, l’aspect polysémique de l’argent en le qualifiant « d’objet capteur de sens », qui sera selon la construction que le sujet en aura faite un objet symbolique, maniable avec souplesse et pour lequel le sujet conservera un relatif détachement ou :

‘« Un objet fétiche, objet érotisé, pour le jeu et le risque » ou un objet archaïque qui induira des positions « passives ou destructrices, voire mortifères, adhérant fantasmatiquement au corps et à ses besoins vitaux. »52

Cette qualification d’objet capteur de sens est au cœur même de notre recherche, et reflète notre accord avec la pensée de J.Barus-Michel et la raison même de notre démarche. Si nous suivons la logique de la pensée de l’auteur, l’argent étant cet objet support de sens et de représentation, n’est pas uniquement symbolique,

‘« Il est surchargé d’imaginaire et, absorbé par le fantasme, il devient un objet de substitution fantasmatique…. il se substitue aux objets inconscients, il en est le représentant fantasmatique, qui répondant à leurs inductions, contamine les représentations et peut en dévoyer le maniement social. »53

Cette vision de l’argent comme objet de substitution fantasmatique va dans le sens de notre recherche, et interroge comme nous l’avons fait précédemment la conception freudienne de l’analité, conception qui restreint le champ de la pensée clinique ; ce qui fait dire à J. Barus-Michel que : 

‘« L’interprétation freudienne la plus classique, qui renvoie aux mécanismes de rétention avaricieuse autant qu’à l’obsession comptable, assimile l’argent à l’excrément investi pendant la phase anale, mais c’est une interprétation trop restrictive. »54

Par ailleurs, cet auteur parle d’objet argent comme d’un « objet polyvalent de substitution », cette notion de polyvalence montre combien la clinique est à même de nous montrer les différentes facettes prises par cet objet ; et de nous ouvrir d’autres voies dans l’appréhension thérapeutique du sujet.

Reiss-Schimmel interroge aussi la restrictivité de la conception Freudienne de l’analité. Elle aborde l’argent sous l’angle de son statut symbolique dans ses rapports avec la structure psychique du sujet, et des différentes modalités de symbolisation ; cet angle d’analyse lui fait dire :

‘ « Dés lors que l’on centre la réflexion sur les rapports entre l’organisation du moi, la qualité du processus de symbolisation et le statut symbolique de l’argent, on est amené à déborder le cadre de la théorie des stades. »55

Pour cet auteur l’argent est signe et symbole à la fois. Reiss-Schimmel définit le signe comme

‘«  Une figuration de ce qui manque. A ce titre, il renvoie à l’absence de l’objet. C’est ainsi que son utilisation exige que la perte d'objet ait été assumée et qu'elle ait pu donner lieu à des représentations dépassant l'illusion d'omnipotence et la visée d'union avec l'objet primaire. Au-delà, c'est la reconnaissance de la castration maternelle et la place du père qui sont ici requises. Elle rend possible l'acceptation d'une instance tierce à laquelle revient la paternité du signe. »56

Le signe :

‘ « Permet d'aménager un espace de communication avec autrui ou prévaut l'échange entre deux sujets susceptibles de reconnaître leur altérité et leur complémentarité. »57

Elle poursuit, en distinguant le symbole qui :

‘« Est ce qui représente autre chose en vertu d'une correspondance. Du  point de vue psychanalytique,  cette correspondance s'établit avec un symbolisé inconscient. »58

L’argent étant signe et symbole à la fois :

‘ «  Son statut de signe soumis à un code renvoie à ses fonctions de monnaie de compte et de moyen d'échange », sa dimension symbolique est : "chargée de signification inconsciente où viennent s'intriquer des composantes orales, anales, phalliques et génitales".59

C’est pourquoi selon I.Reiss-Shimmel, la capacité à relativiser la valeur symbolique inconsciente de l’argent, reflète l’organisation de la personnalité qui quand elle est organisée autour du complexe d’œdipe fait que l’autre est appréhendé comme semblable et différent.

De fait, I.Reiss-Shimmel développe sa pensée sur l’échange économique qui sous-tend un échange codifié, échange qui fait davantage :

‘« Appel aux fantasmes issus de l’élaboration du complexe d’œdipe.Il requiert, en effet, une évolution psychique qui permet à l’individu de se soumettre à la médiation qui donne à l’argent force de loi.  »60

L’argent joue ainsi le rôle de tiers, comme le père, tiers qui a une fonction de séparation qui ouvre à la différence, et à l’altérité ; l’argent participe à un échange où il cet objet qui permet au sujet d’être dans des transactions où la valeur est relativisée.

Notes
42.

Freud S, La Vie sexuelle, p.107

43.

Freud S, ibidem, p.109

44.

Freud S, Ibidem, p.110

45.

Freud S, Cinq psychanalyses, p. 387

46.

Freud S, La vie sexuelle, p.389

47.

Viderman S., De l’argent en psychanalyse et au-delà, p. 48

48.

Enriquez E., Questions d’argent, p. 55

49.

Barus - Michel J., Questions D’argent, p.66

50.

Barus - Michel J., Questions D’argent, p.67

51.

Barus-Michel J., Ibidem, p. 67

52.

Barus-Michel J., ibidem, p.70

53.

Barus-Michel J., ibidem, p.70

54.

Barus-Michel J, ibidem, p.70

55.

Reiss-Schimmel I, La psychanalyse de l’argent, p. 213

56.

Reiss-schimmel I, ibidem, p.242

57.

Reiss-Schimmel I, ibidem, p.242

58.

Reiss-Schimmel I, ibidem, p.210

59.

Reiss -Schimmel I, ibidem, p.210

60.

Reiss-Schimmel I, Pratiques sociales de l’argent, p.33