Analyse de J. Godbout

J. Godbout, dans son ouvrage : « Le don, la dette et l’identité », nous délivre une définition du don extrait du dictionnaire de sociologie :

‘« C’est le juridique qui permet de distinguer les deux phénomènes (don et échange) : le droit d’exiger une contrepartie caractérise l’échange et manque dans le don. Donner, c’est donc se priver du droit de réclamer quelque chose en retour. »67

Nous constatons que le don qui est échange, n’est pas soumis à la loi. Il reste dans le cadre du libre arbitre du sujet. Seul l’échange contient la possibilité d’une demande légitimée par la loi sociale.

J. Godbout se pose la question à partir de ce constat, non pas de quoi est constitué le don, mais pourquoi donne t-on, et pourquoi ne donne t-on pas ?

Cette question, posée par un sociologue, rejoint en parti, notre propre travail clinique, car il s’agit pour nous de comprendre pourquoi le sujet ne donne pas ce que l’autre attend.

A partir de l’analyse du don d’organe, J. Godbout porte sa réflexion sur le fait de recevoir un don aussi important et a mis en évidence une raison importante de ne pas donner : le don affecte l’identité, car la source du danger :

‘« De recevoir, c’est bien plus le risque de perdre son identité que la dette. Certes le danger d’un trop grand don est qu’on peut tout demander à celui qui a reçu…On peut tout lui demander, y compris de ne plus être lui-même, d’être quelqu’un d’autre et, dans le cas du don d’organes, d’être-littéralement-le donneur… Le don d’organe se présente ainsi comme une allégorie pour comprendre les bonnes raisons de ne pas donner. »68  ’

J. Godbout soumet ainsi à notre réflexion que la relation au don affecte notre identité, ce risque a pour conséquence, que l’individu ne s’engage pas dans cette relation car elle est, pour lui, une menace.

Notes
67.

Godbout J, Le don, la dette et l’identité, p. 7

68.

Godbout J, ibidem, p. 134