Analyse de M. Godelier

M. Godelier a lui aussi déplacé son analyse sur les choses que l’on garde pour éclairer l’échange dans le don, et en arrive à la conclusion que les choses gardées ont très souvent un caractère sacré. Par sacré, M. Godelier entend :

‘« Un certain type de rapport aux origines où, à la place des hommes réels, s’installent des doubles imaginaires d’eux-mêmes. Autrement dit, le sacré est un certain type de rapport à l’origine des choses, tel que, dans ce rapport, les hommes réels disparaissent et apparaissent à leur place des doubles d’eux-mêmes, des hommes imaginaires. Le sacré ne peut apparaître que si quelque chose de l’homme disparaît. Et l’homme qui disparaît, c’est l’homme co-auteur, avec la nature,de lui-même, l’homme auteur de sa manière sociale d’exister, de son être social.  »69

Si ces objets sacrés sont à garder, c’est qu’ils procurent à certains hommes des pouvoirs qui les distinguent des autres ; c’est satisfaire ainsi un désir de puissance, manifester son désir d’agir sur les choses. Par rapport à nos sociétés actuelles M. Godelier instaure un lien entre le politique, et le sacré à travers l’instauration des constitutions, qui sont les équivalents des objets sacrés que les hommes croyaient avoir reçus des dieux.

L’idée princeps de M. Godelier porte sur le contenu imaginaire et symbolique des objets ; contenu qui confère aux objets une capacité à être échangé ou pas en fonction de leurs caractères sacrés.

Cet angle d’analyse qui porte sur le contenu de l’objet échangé est à mettre en lien avec notre réflexion.

En effet, de quel contenu psychique est investi l’objet d’échange dans la relation du sujet avec autrui ?

Notes
69.

Godelier M., L’enigme du don, p. 239