Le rapport à l’argent

Paul évoquera à nouveau, au cours du même entretien, son rapport à l’argent en disant : « si je trouve cent francs, et si je ne sais pas à qui sont ces cent francs, je ne vais pas savoir les utiliser ; la seule solution que j’ai, c’est de les flamber, de les faire disparaître le plus vite possible, que cet argent ne soit pas utile. »

Tout en écoutant Paul je me demandais pourquoi parlait-il de franc qui n’avait pas existé, et du comportement qu’il aurait eu, si cela avait du arriver.

Quel sens inconscient avait cette énonciation qui paraissait délier, sans lien, avec le reste du discours du sujet ?

En fait, j’attendais inconsciemment, que la parole du sujet ait une certaine cohérence dans la thématique abordée. En effet, Paul ne m’avait pas habitué à passer du coq à l’âne, bref à avoir une pensée marquée par le manque de liaison.

Dans l’après coup, il m’apparaît que Paul ne parlait pas d’argent, mais de l’appartenance dans la nomination. L’argent lui brûle les doigts, il doit le flamber s’il ne sait pas à qui il appartient, il ne peut pas le garder, ni acheter quelque chose qui lui soit utile, il est vital que cet objet disparaisse. Paul relie l’argent à un autre, un autre avec qui il aurait un lien réel, pour que cet argent puisse être investi par lui, pour qu’il soit une valeur à ses yeux.  Il ne peut se représenter l’argent en tant qu’objet investi psychiquement par lui, objet dont il pourrait jouir, il ne peut posséder un objet trouvé car cet objet n’a pas de représentation intrapsychique lié à l’échange, il faut que cet objet soit dans la réalité externe en lien avec.