La séparation parentale

Quand Christine a dix-huit ans, sa mère décide de quitter son père. Cette séparation durera quatre ans, quatre ans durant lesquels Christine ira un week-end sur deux, chez l’un ou l’autre des parents. Le père de Christine fait une dépression durant ce temps de séparation d’avec sa femme.

Christine a vingt-deux ans, quand ses parents décident de revivre ensemble. Elle ne supportera pas que le couple décide de reprendre la vie commune, et dira à sa mère : « tu vas être de nouveau malade ».

A première vue, le sujet n’accepte pas que le couple parental se reconstitue.  On peut pour le moins s’étonner d’une réaction qui va à l’encontre d’une réaction courante : les enfants sont souvent malheureux quand les parents se séparent. Ici nous assistons au contraire, il est préférable que les parents soient désunis, et un des parents, le père, est à mots couverts responsable de la maladie de la mère.

La désunion parentale permettait à Christine de passer de l’un à l’autre, elle était psychiquement au milieu du couple, c’est-à-dire entre eux deux, la réalité certifiait ses enjeux psychiques. La scène primitive se déployait dans la réalité externe d’un couple qui ne pouvait momentanément poursuivre leur union. Christine était inconsciemment dans des enjeux originaires, exclue de cette scène, exclusion non élaborée, qui l’avait laissée sur de bord de la route comme n’étant affilié à personne. Elle rejoignait l’histoire de son arrière grand-père dans la non connaissance de l’origine, mais pour d’autres raisons. Dans la séparation parentale elle pouvait paradoxalement se situer comme celle qui fait le lien, qui était au milieu, telle une courroie de transmission de l’homme à la femme.

En d’autres termes, je considère qu’il n’y a pas eu pour Christine une figuration possible du fantasme de la scène primitive, celle-ci s’est mise en scène au travers de la séparation des parents.

Séparation bien venue pour le sujet car elle lui permettait d’actualiser l’énigme de sa propre origine. Le père est vécu comme le tiers dont la présence met la mère mal, il est celui qu’il faut rejeter non pas en tant que père, mais comme mari de la mère.

Nous rencontrons ici un point nodal qui sera mis à l’épreuve dans notre analyse théorique.