La relation à la mère

Jacques évoqua ses relations avec ses parents en disant : « J’ai acheté l’amour de mes parents. Quand j’étais petit, je me levais à cinq heures du matin et je nettoyais la cuisine pour avoir des caresses de ma mère. Je n’avais rien. » A l’écoute des paroles du sujet, je ne suis pas intervenue, il était important que Jacques puisse déposer ses paroles en toute confiance.

Au niveau contre transférentiel, le lien fait par le sujet entre l’achat et l’amour a mobilisé ma position de psychologue faisant une recherche universitaire.

De fait, je n’ai pas cherché à en savoir plus, nous protégeant d’une certaine manière d’une curiosité qui aurait été préjudiciable au travail mené avec le sujet. Néanmoins cette rationalisation a amoindri mon écoute, car elle a exigé un contrôle, contrôle qui m’a décentré de l’écoute du sujet, et de ce que je pouvais entendre de lui.

Aujourd’hui, dans l’après-coup, je pense que Jacques avait psychiquement intériorisé l’amour maternel dans une relation d’échange où il se devait de faire concrètement quelque chose pour espérer en bénéficier. En d’autres termes, Jacques avait une représentation de l’imago maternelle, et du lien qui pouvait l’unir à elle, où prévalait le don de quelque chose de soi, don qui avait pour finalité de procurer du plaisir à cette mère, pour obtenir d’elle, de l’amour. Jacques mettait ainsi par le comportement l’absence d’une imago maternelle aimante, portante.

Il y a ici un point nodal dans la problématique du sujet, point que nous développerons dans l’analyse thématique.