Sa vie professionnelle

Jacques me dira qu’il a développé l’exploitation familiale autant dans la production des terres que dans la diversification. En effet, il a créé des magasins de vente de fruits et légumes et a mis en place une société d’import-export. Durant plusieurs années, il se consacrera principalement à son travail, mais il se sentira : «  peu à peu mal dans ma peau, j’avais tout ce que je voulais mais je n’arrivais pas à prendre de décision. »

En entendant Jacques, j étais interrogée par sa tournure de phrase. En effet, il n’allait pas bien, mais ne disait pas en quoi il n’allait pas bien. Son interrogation portait sur son incapacité à prendre des décisions.

Je ne suis pas intervenue pour demander plus de précisions.

Dans l’après-coup, mon attitude a été guidée par le sentiment de vacuité que Jacques me faisait ressentir,  sentiment de vacuité que je rapproche d’une attitude de faux-self.

Jacques avait été ce fils modèle qui avait poursuivi l’œuvre du père, qui avait même fait beaucoup mieux que lui, qui avait accepté de vivre là où ses parents avaient décidé. Rien dans sa vie ne paraissait avoir découlé d’un choix. Il avait été dans une imitation paternelle où sa réussite professionnelle ne laissait augurer qu’un rapport de force latent avec ce père. Autrement dit, ce qui donnait l’apparence d’une filiation avec le père dans la continuité de l’exploitation agricole, n’était en réalité psychiquement que l’expression d’une recherche identificatoire en faisant quelque chose de l’ordre du même. La différence issue d’un lien identificatoire intégrant la castration, n’a pu s’élaborer chez le sujet.

Jacques évoquera la mésentente de son couple, mésentente qui l’amènera à avoir une liaison.