C2- L’argent : Objet erratique de l’échange social

L’objet de la pulsion anale étant détourné, nous assistons à un dû d’objet mort : l’enfant restitue à la mère ce qu’elle a perdu, c’est-à-dire un objet mort.

Pour que l’objet fécal devienne un cadeau, on doit être dans le don, et non dans le dû.

Nous constatons une ratée dans l’équivalence symbolique, qui suppose une transformation psychique de l’objet ; un objet mort ne peut être transformé.

La valeur que la mère accorde à l’objet fécal avant qu’il ne soit donné, fait que le contenu n’appartient pas à l’enfant, il est rapté par la mère.

La première transformation psychique que nécessite l’équivalence symbolique ne fonctionne pas car, comme nous l’avons vu, la contenance psychique maternelle ne reçoit pas mais attend son dû. Cette première transformation : boudin fécal-cadeau qui fait appel au contenant contenu, au corps, est ratée. De fait elle met en cause la seconde transformation psychique : cadeau argent qui ne peut fonctionner, de par la non opérativité du symbole cadeau, et de la non intégration d’un échange tiercéisée.

Autrement dit, dans la chaîne d’équivalence symbolique, le premier maillon de la chaîne va satisfaire le pacte narcissique de la mère, et non l’objet de la pulsion de l’enfant. A travers ce détournement de l’objet, l’échange ne peut plus être vécu à deux, mais dans le cadre d’une relation monocentrée maternelle. L’objet fécal est vécu comme une perte qui a pour fonction de satisfaire narcissiquement la mère, et non d’obtenir en retour une confirmation libidinale pour l’enfant.

L’argent devient un objet mort car la mère demande son dû, c’est-à-dire un objet mort lié au pacte narcissique (la naissance qui repousse une mort).

L’infans va donner à la mère son objet mort. Nous constatons que l’objet de la pulsion est détourné, c’est un dû d’un objet mort.

La fonction de l’objet n’est plus la même. Il ne s’agit plus de la valeur accordée à cet objet, mais de ce qu’il représente dans sa fonction qui n’est plus lié à l’autre, c’est-à-dire qui ne prend plus en compte l’altérité, mais qui renvoie au corps de l'infans et à son autochtonie corporelle.

C'est pourquoi, nous pouvons considérer que la valeur d’échange accordé à l’objet argent ne prévaut plus, de fait, dans la psyché de l’infans, il est mis dans une position de fonctionnalité ; en d’autres termes, nous sommes passés de la valeur à une pseudo fonction.

En d’autres termes, l'argent comme valeur d'échange ne prévaut plus. Il est investi comme une pseudo fonction ; la conséquence en est que l’objet argent fait fonction de pare excitation, devant la menace de désintrication pulsionnelle où la pulsion de mort règnerait. L'exemple de Jacques, qui se dépouille de son argent pour que son "moi existe" est paradigmatique de notre analyse.

A partir de la mise en exergue dans notre clinique de la pathologie du dû, la question qui se pose pour nous, à ce stade de notre réflexion est : comment traiter l’échange dans notre clinique à partir de l’objet argent ?

En d’autres termes comment sortir de l’impasse clinique, c’est-à-dire de la non valeur attribuée à l’objet fèces, de la non valeur attribuée à l’objet argent en tant qu’objet social mais, par contre, de la valeur attribuée à l’objet argent dans le lien à l’institution sociale. Avant de nous engager sur cette réflexion, nous devons nous saisir des liens constitués par les sujets au Rmi avec l’institution, pour pouvoir ensuite ouvrir des pistes de réflexion.