C- Les institutions medico sociales

Avant de traiter de ce point, nous allons situer d’une manière succincte l’aide sociale, pour mieux appréhender le contexte de l’avènement du dispositif du Rmi pour les institutions sociales.

L’aide sociale, est :

‘ « L’héritière des dispositifs visant à porter aide et assistance aux plus défavorisés. Sa philosophie est l’inverse de la logique d’assurance : en effet, l’aide sociale « recouvre toutes les formes d’aide que les collectivités publiques attribuent aux personnes qui se trouvent dans une situation de besoin », …L’aide sociale prend cinq formes essentielles, calquées sur les risques couverts par la sécurité sociale : l’aide médicale, l’aide aux personnes âgées, l’aide à l’enfance, l’aide aux personnes handicapées, l’aide à l’hébergement et à la réadaptation sociale.210

Cette aide sociale vient s’articuler au Travail social, qui selon l’analyse de B. Ravon,  a été de la fin des années trente au milieu des années soixante-dix : 

‘« Défini comme un travail d’éducation, de réparation ou de rééducation et de groupes identifiés par leurs handicaps (« physique », « mental », voire « socioculturel »).211

Cette notion de handicap suppose un rapport au corps ou à la psyché qui empêche le sujet de participer pleinement à la communauté des hommes.

Avec l’avènement du Rmi, c’est l’économie sociale qui empêche le sujet de participer pleinement à la communauté des hommes. De fait, nous assistons à un glissement dans la stigmatisation du sujet, c'est-à-dire à une mise en avant de l’économie sociale de l’échange dont le travail social à la charge, et qui ne peut qu’avoir des effets sur l’institution sociale.

Avant de poursuivre notre analyse, nous voudrions rappeler ce que nous avons mis en évidence dans les chapitres précédents, c'est-à-dire : que l’institution sociale ainsi que le sujet au Rmi se situent du côté du jugement d’attribution, alors que la réalité sociale leur demande d’être du coté du jugement d’existence, que l’argent est vécu pour les sujets comme le lien de la scène primitive, qu’il est cet engramme pictogrammatique, qu’il n’est pas le tiers de l’échange ; bref que ce qui s’échange entre le sujet et l’institution, ainsi que ce qui s’échange entre l’institution et la réalité externe est un échange où les protagonistes de l’échange ne peuvent se rencontrer.

Nous sommes loin de ce que Mauss a évoqué à propos de l'échange qui suppose: obligation de faire des cadeaux, obligation de les accepter, obligation de les rendre.

Dans ce que nous venons d’évoquer, nous assistons à un rabattement du sujet et de l’institution vers l’originaire, rabattement qui signe l’échec du processus primaire et à fortiori du processus secondaire dans l’échange.

C’est à partir de ce glissement d’une fonction réparatrice du travail vers une fonction d’économie sociale que nous allons porter notre regard.

Autrement dit, la question qui s’impose à nous est de cerner en quoi, la gestion d’une économie de l’échange au sens économique du terme, a-t-elle des conséquences sur l’institution au sens de l’économie psychique des membres de cette institution et du cadre de cette institution.

Trois niveaux d’analyse sont à prendre en compte :

Nous allons donc traiter de ces trois points qui constituent selon nous, les trois points inhérents aux enjeux de l’institution sociale dans le cadre de l’échange.

Nous tenons à préciser que c’est bien dans le cadre de l’échange que prévaut notre analyse de ce qui se joue dans l’institution sociale. Nous tenons aussi à préciser qu’il s’agit de l’institution sociale chargée de l’insertion sociale des bénéficiaires du Rmi, c'est-à-dire des centres médico-sociaux.

Notes
210.

Join-Lambert MT, Politiques sociales, p. 411, p. 415

211.

Ravon B, Vers une clinique du lien défait in Travail social et souffrance psychique, p. 27