Economie psychique et économie sociale

L’économie sociale fait appel à la valeur de l’objet c'est-à-dire à l’argent. La notion de valeur est, comme nous l’avons vu précédemment à nuancer, si nous parlons de valeur d’usage ou de valeur marchande. Dans tous les cas, il s’agit de la valeur au sens d’une quantité quantifiable en terme d’échange.

L’économie psychique, dans la métapsychologie Freudienne, fait appel à la quantité de libido que le sujet va investir dans telle ou telle relation d’objet ou instance psychique.

L’articulation économie psychique et économie sociale ont en commun la notion de quantité, d’investissement.

Par contre, la valeur économique de l’argent au sens psychique, ne prend sens que grâce à ce qui fait tiers dans l’échange. Nous avons montré dans le cadre de notre clinique, que l’échange entre le sujet et l’institution n’était pas un échange, car l’argent n’était pas vécu par le sujet au Rmi comme le tiers de l’échange, que l'argent est pour le sujet au Rmi du côté de l'originaire, lien dans la scène primitive, que nous sommes devant un détournement de l'échange entre le sujet au Rmi et l'institution sociale, c'est-à-dire dans un échange de dû.

La valeur économique de l'échange vient, de part l'investissement psychique des sujets, télescoper le facteur économique au sens psychique de l'échange.

Pourquoi ?

Parce ce que nous sommes passés d’une économie psychique d'échange du dû où le quantum d'investissement dans l'échange sur l'objet social argent s'est déplacé du côté de l'originaire.

Ce rabattement induit un télescopage des forces en présence, un collapsus topique qui renverse le questionnement, c'est-à-dire que nous passons du qu'est ce qui s'échange à : où cela échange ?

En d'autres termes, nous considérons que l'articulation économie sociale et économie psychique induit un collapsus qui a pour conséquence pour l'institution, que l'échange est rabattu du côté du lieu de l'échange.

Ce détournement de l'échange implique que la fonction de l’échange se pose en ces termes : ça échange où, c'est-à-dire que c’est la topique de l’échange qui se joue ici, et non l’économie psychique de l’échange.

La fonction d’échange est rabattue du côté d’une atopisation de l’échange. Nous sommes ainsi, dans l’articulation économie sociale et économie psychique, devant une atopisation de l’échange qui pose in fine, la question de l'inscription de l'échange, car elle va de pair avec celle du lieu.

L'inscription de l'échange est exclue du champ même de l'échange; il y a pour ainsi dire une sorte de non-lieu dans l'échange.

Quand nous parlons de l'atopisation de l'échange, nous voulons signifier, en lien avec la pensée de C. Janin à propos du traumatisme, qui décrit le collapsus topique se constituant dans :

‘"La détransitionnalisation de la réalité", "l'espace psychique et l'espace externe communiquent de telle sorte que l'appareil psychique ne peut plus remplir son rôle de contenant du monde interne",212

que l'espace inter instance psychique communiquent, errance du lieu instantiel qui pose la question de la source de l'excitation entre espace psychique et espace externe. 

Il va sans dire que ce n'est pas le sujet qui ne sait plus la source de son excitation, mais le processus de l'échange, qui ne peut inscrire les choses échangées du fait même de l'objet social argent qui participe de l'espace psychique et de l'espace externe

Notes
212.

Janin C., Le traumatisme psychique, monographie Rfp, p. 48