D- Les emboîtements de cadre

A travers ce qui vient d'être énoncé, nous allons porter notre regard sur ce que nous avons nommé les emboîtements de cadre, c'est-à-dire les conséquences de l'imbrication du cadre politique et du cadre de l'institution sociale.

Nous avons analysé la violence du cadre politique, la violence de l'échange qui s'éprouvait dans l'institution à travers la gestion de l'économie de l'échange ainsi que dans le cadre institutionnel. Cette analyse ouvre le champ des imbrications de ces formes de violence.

Nous pouvons déjà souligner que le cadre politique ne peut contenir le cadre de l'institution sociale qui ne peut contenir les membres de l'institution sociale.

Nous sommes confrontés à un emboîtement de violence qui selon R. Kaës, dans son article : "Souffrance psychique et violence de civilisation" stipule qu'un des traits actuels du malaise dans la civilisation réside dans :

‘« L’importance des formes de la violence innomée et d'abord non reconnue comme telle, qui dès lors ne peut que s'engrainer sur une violence destructrice, sans limites ni origine reconnaissable, et donc sans sujet. Notre carence de la pensée sur la violence fait que nous ne distinguons plus celle qui est inhérente à l'organisation de la vie psychique, la violence structurante du désir, y compris celle de l'autorité, et la violence destructrice qui naît des détériorations des cadres et des contrats de base que je viens d'évoquer : celle-ci naît de l'anomie, de la désymbolisation. Nous consonnons à la notion d'une violence généralisée, et cela nous évite de reconnaître ses sources collectives et individuelles, ses expressions diverses chez l'enfant, l'adolescent et l'adulte ou le vieillard, ses acteurs, ses victimes et ses spectateurs silencieux, ses institutions."217

Dans cette carence de la pensée sur la violence dont parle R. Kaës, nous pouvons dire à propos de l'institution politique, qu'elle n'est plus garante de la violence fondamentale, que l'institution médico sociale est porteuse de la violence de l'échange, que le cadre de l'institution politique ne peut contenir le cadre médico social qui ne peut contenir les membres de l'institution sociale, et que nous assistons à un emboîtement de cadre avec des effets transférentiels.

La violence du politique vient télescoper la violence du social. Ce nouage de ces violences institutionnelles induit une violence immobilisatrice de la pensée :  nous assistons à une sorte de congélation de la pensée.

Notes
217.

Kaës R, Rhizome juillet 2001