B- L'échange

Nous avons tenté de montrer que « l’exclusion », ne se situait pas là où on l’attendait, et que la violence de l’échange provenait de cette rencontre impossible avec l’institution sociale, rencontre qui aboutissait au bout du compte, à travers les politiques sociales mises en place, a réactualisé l’impossible inscription du lien primaire.

Autrement dit, il y a un déjà là d’une impossible place à nommer pour le sujet.

C’est parce que le peu d’argent a été le pourquoi de notre pratique, et d’une certaine manière de notre clinique, que nous avons essayé d’aborder cet objet social pour comprendre pourquoi certains sujets au Rmi étaient dépendants de l’allocation malgré des potentialités certaines.

Aborder la dépendance à travers l’analyse de l’argent et de ses investissements inconscients nous a permis de montrer que :

L’argent est le symbolisé de l’engramme pictogrammatique, et non ce qui représente cet équivalent universel, dans le cadre de la relation d’échange.

• La valeur d’échange de l’argent ne prévaut plus, elle est mise dans une position de fonctionnalité ; en d’autres termes, nous sommes passés de la valeur à une pseudo fonction.
• L’argent est utilisé comme écran fantasmatique de la scène primitive, par impossible représentation de la propre conception du sujet.
• Qu’il y a construction d’un groupe interne dérivé constitué : du sujet- de l’institution - de l’argent ; par groupe interne dérivé nous avons défini la constitution d’un groupe interne en ancrage dans le social avec utilisation des objets sociaux dans le but de pallier le manque de l’élaboration de la scène primitive.
• A l’intérieur du groupe interne dérivé le sujet dépend de l’institution pour se protéger de sa propre ambiguïté, dépendance due au dépôt de son obscénalité dans le cadre institutionnel qui est dépositaire de son non moi.
• Le lien unissant le sujet et l’institution sociale est de l’ordre de la socialité syncrétique, c’est à dire caractérisé par l’indifférenciation, la non différenciation et par une non relation
• L’institution est devenue une institution dépôt, car elle est un des protagonistes de la scène primitive, c’est-à-dire la mère archaïque, et est dépositaire du cadre subjectif du sujet. Cela a pour conséquence, une non opérativité de la capacité transformationnelle du groupe interne de la scène primitive par scénalisation et dépôt ainsi que l’instauration d’un lien de dépendance de la part du sujet, et un gel institutionnel qui immobilise les travailleurs sociaux.
• L’institution est dépositaire de l’objet lien.
• Nous ne sommes pas dans une clinique de l’objet, mais dans une clinique qui présuppose l’antériorité d’une scène pour que l’objet puisse naître ; cette scène étant l’habitacle corporel.

Les points forts que nous avons dégagés s’inscrivent dans le cheminement d’une pratique, d’une théorisation dans le cadre de l’échange entre le sujet et l’institution sociale.

Force est de souligner que l’échange s’impose à nous comme une notion théorique à mettre en travail.

Qu’est ce qu’échanger veut dire ?

L’échange fait référence à l’échange marchand, social, psychique ; il contribue à une polysémie de champs et de sens.

En quoi cette notion peut-elle s’inscrire dans le champ psychanalytique et peut-elle être pensée comme un des objets de la connaissance psychanalytique ?

En d’autres termes, il y a t-il une spécificité de l’échange en tant que réalité psychique ?

Notre recherche a mis en exergue cet échange impossible entre le sujet et l’institution sociale.  C’est pourquoi nous allons proposer des pistes de réflexion sur l’échange qui se joue sur la scène sociale.