Introduction

‘"La vérité est ce dont il faut se débarrasser au
plus vite et la refiler à quelqu'un d'autre.
Comme la maladie, c'est la seule façon d'en guérir.
Celui qui garde en main la vérité a perdu1."
Jean Baudrillard’

Le moment de l'introduction est généralement le temps de l'anticipation, il s'agit de prévenir le lecteur, à l'avance, de ce qu'il va découvrir dans les pages qui suivent. C'est un moment sensible, car doit être choisi ce qui est dit, au préalable, pour esquisser les contours paradigmatiques d'une démarche de chercheur2. Finalement, le mieux n'est-il pas de suivre le mouvement des associations d'idées et de commencer par ce qui vient en premier lieu.

Au cours de ces vingt dernières années, l'intégration scolaire des enfants présentant des troubles graves de la personnalité et du comportement a connu de grands développements dans le cadre des pratiques cliniques en pédopsychiatrie. On peut cependant s'étonner qu'il ne s'agisse pas encore d'une pratique généralisée et que de fortes résistances, certes de plus en plus marginales, continuent de s'exercer au sein des services de soins.

Ces résistances semblent relever de deux domaines différents :

L'esprit de cette recherche s'inscrit à contresens de ces remarques préliminaires : d'une part, parce que ce travail n'a de sens que par les liens étroits qu'il entretient avec le cadre scolaire ; d'autre part, parce que son point de départ s'alimente précisément de préoccupations centrées sur les apprentissages et le développement des enfants.

Ceci dit, au delà des remarques générales qui formalisent habituellement le mode conventionnel d'une introduction, il arrive que le chercheur prenne conscience de quelque chose, qu'au fond, il connaît déjà, et qui relève de questionnements plus généraux qui fondent le liminaire à partir duquel s'est développée, un peu à son insu, sa réflexion.

Il s'agit de trois domaines de questionnements à partir desquels l'écrit ouvre le débat et apporte quelques éléments de réponse sans pour autant apurer le malaise : quel avenir pour la pédopsychiatrie ? Est il possible d'édifier une clinique de la pensée en articulant les modèles les uns aux autres sans les réduire les uns aux autres ? Si le rattachement à des catégories, établies à partir de critères qui se veulent scientifiques fondent notre identité de chercheur, ne provoque-t-il pas simultanément la mise à la marge de ceux qui sont touchés par la souffrance psychique en leur signifiant leur particularisme ?

Notes
1.

Baudrillard J. (1990), Cool memories, Paris, Galilée.

2.

Il faut entendre ici la notion de paradigme comme ce qui constitue un cadre plus général à l'intérieur duquel sera formulé un ensemble de problématiques.