1.3.1.2. Les dysharmonies évolutives.

Les dysharmonies évolutives constituent le second groupe diagnostique. Il s’agit d’enfants qui ne présentent pas de traits et mécanismes de la série psychotique (il n'y a donc pas de rupture du lien avec la réalité), et dont le premier contact avec la structure de soins s’est établi généralement dès l’école maternelle qui révèle les difficultés profondes d’adaptation et les troubles des apprentissages. L’enfant présente un déficit dysharmonique, hétérogène car n’affectant pas de la même façon le développement psychomoteur, le langage et les fonctions cognitives. Les troubles instrumentaux sont également fréquents (dyscalculie, dyspraxie, dyslexie…) mais, par rapport au groupe précédent, les aspects cognitifs, évalués à partir du Quotient Intellectuel (QI), sont souvent mieux préservés même si, dans le cadre de cette population clinique, ils sont la plupart du temps inférieurs à la norme.

L’angoisse sous jacente est massive et mal contrôlée. Elle se manifeste par l’agitation le plus souvent et des passages à l’acte soudains, mais aussi par l’expression de fantasmes crus et primitifs. Du point de vue de l’étude psychopathologique, on constate souvent dans l’histoire infantile précoce des situations de carences affectives, sociales ou éducatives. Des événements de ruptures ou des distorsions traduisant une discontinuité des processus de soins maternels. Les défauts d’élaboration de la fonction contenante trouvent une place essentielle ainsi que les troubles de la symbolisation et de la fantasmatisation. On note donc une difficulté d’accès aux jeux, qui sont la plupart du temps des jeux d’exercices où la dimension pulsionnelle est rapidement envahissante.

Dans ce contexte, c’est la dimension narcissique qui est renvoyée au premier plan, cette dimension qui contient les modalités de rencontre entre l’enfant et l’objet primaire. En effet, c’est la capacité pour l’enfant de s’auto-investir dans une représentation stable de lui-même qui est impliquée dans cette situation, c'est à dire la permanence et la continuité des soins au cours de la petite enfance. Les failles narcissiques sont donc très importantes et se traduisent par une incapacité à construire une image satisfaisante d’eux-mêmes. Ils ne supportent pas l’échec et détruisent souvent leurs réalisations tant ils sont rarement satisfaits de leurs productions. Les échecs subis dans les apprentissages scolaires ont un effet de renforcement des blessures narcissiques, ils aggravent le plus souvent les troubles du comportement et font obstacle à un investissement scolaire qui bute sur une position de refus très difficile à dénouer dans le contexte de scolarisation dans une classe ordinaire.