1.3.1.3. Le syndrome d'Asperger.

Bien qu'il figure dans les descriptions cliniques des troubles autistiques, le syndrome d'Asperger a de particulier qu'il ne présente pas de retard du développement cognitif, ni d'altération particulière du langage. Néanmoins, bien qu'il soit très développé, ce langage reste bizarre. Comme le rappelle Hochmann52 J. (1997), il est marqué par des néologismes, une absence de figures métaphoriques, accompagné d'une tonalité particulière et peu musicale de la voix. Au cours de l'enfance, il n'y a pas eu de retard significatif sur le plan clinique du développement cognitif de l'enfant. C'est pour ces raisons qu'il n'est pas rare que nous puissions parler d'autisme dit de "haut niveau" pour évoquer un tel syndrome. Ceci dit, ce qualificatif est actuellement controversé.

Les performances cognitives, évaluées en terme de QI à partir du WISC, restent la plupart du temps dans la limite du normal faible, voire de la déficience légère. En revanche, ce qui qualifie davantage ce type de pathologie relève des altérations qualitatives des interactions sociales dans les relations avec les pairs, définies par une absence marquée de réactions émotionnelles. Baron-Cohen53 S. (2008) évoque une pathologie neuro-développementale qui implique des problèmes d'empathie et de cécité mentale qui altèrent les interactions sociales et la communication. Ce sont bien souvent des enfants qui ont des troubles importants de l'abstraction, liés au départ avec une difficulté à établir une distinction entre les objets animés et les objets inanimés. Ils n'ont qu'une faible représentation du monde qui les entoure, ce qui nécessite activement un réel apprentissage des situations sociales. De la même manière, la pensée n'est pas ancrée dans le corps, elle reste abstraite, difficilement mise en lien avec le contexte social, pragmatique.

L'évolution de ce syndrome se fait rarement vers un déficit cognitif mais plutôt vers la persistance des troubles autistiques avec parfois, notamment à l'adolescence, l'apparition de troubles psychotiques tels que nous les avons décrits dans le cadre des dysharmonies psychotiques.

Ce troisième groupe diagnostique ne représente qu'une faible proportion des enfants adressés vers notre dispositif d'intégration scolaire. Par ailleurs, ils sont le plus souvent accueillis au niveau du collège car ils ont généralement bénéficié d'une intégration personnalisée au cours de leur scolarité primaire, avec l'aide ou non d'une auxiliaire individuelle de vie scolaire.

Notes
52.

Hochmann J. (1997), Pour soigner l'enfant autiste, Paris, Odile Jacob.

53.

Baron-Cohen S. (2008), "Theories of the autistic mind", Psychomédia, 17, p. 77-82.