3.2. Méthode

3.2.1. La population

3.2.1.1. La population clinique : aspects diagnostiques.

D'un point de vue très général, les enfants qui participent à cette étude présentent des troubles graves de la personnalité et du comportement, associés ou non à une pathologie neuro-développementale. Nous notons pour la plupart d’entre eux, un retard du développement cognitivo-intellectuel qui invalide la possibilité d’une scolarisation dans une classe ordinaire de l'éducation nationale. La quasi-totalité de ces enfants était suivie, au cours de leur petite enfance, dans le cadre de l'hospitalisation de jour ou du Centre d’Accueil et de Traitement à Temps Partiel (C.A.T.T.P.) développés dans le service. Ils ont généralement bénéficié d'une intégration à temps réduit dans un groupe scolaire au cours de leur scolarité en école maternelle.

D’un point de vue nosographique et à partir de la Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent212 (CFTMEA, 2002), deux grandes catégories diagnostiques représentent l’essentiel des organisations psychopathologiques rencontrées dans le cadre des indications portées vers ce dispositif d’intégration scolaire : Les dysharmonies psychotiques et les troubles de la personnalité pris dans une dysharmonie évolutive. Notons que ces deux catégories de troubles mentaux correspondent à l’intitulé « Autres troubles envahissants du développement » de la Classification Internationale des Maladies (CIM 10). Les dysharmonies psychotiques s’apparentent également à ce que les cliniciens du Yale Child Study Center ont identifié sous la forme des Multiplex Developmental Disorder213 (MDD).

Précisons, pour être complet, qu'il arrive exceptionnellement que le dispositif d'intégration scolaire à l'école élémentaire accueille des enfants pour lesquels un diagnostic d'autisme est posé au cours de la petite enfance. Il nous arrive également d'être sollicités pour accueillir, au niveau du collège, des adolescents présentant un syndrome d'Asperger. Ces pathologies de forme autistique, qui font actuellement l'objet d'un vif débat d'un point de vue étiologique, ne sont pas prises en compte dans ce travail. Nous avons choisi de centrer notre étude sur les deux catégories cliniques principales qui composent la population des enfants bénéficiant de notre dispositif, à savoir : les dysharmonies psychotiques et les dysharmonies d'évolution.

Avant de présenter les caractéristiques générales des deux groupes d'enfants qui ont constitué la population clinique de la recherche, il est important de s'arrêter un instant sur cette notion "très française" de dysharmonie développementale, que l'on ne trouve ni dans la CIM 10, ni dans le DSM IV, alors même que la référence à un état dysharmonique caractérise ici chacune des deux organisations psychopathologiques concernées.

Notes
212.

CFTMEA. (2002), Classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent - R 2000 – sous la direction de R. Mises et du Dr Quemada. 4ème édition du CTNERHI.

213.

S. Tordjman et al., (1997), "Dysharmonies psychotiques et Multiplex Developmental Disorder" , Psychiatrie de l’enfant, XL, 2, p. 473-504.