3.2.2.1.1. Au niveau de l'échelle de performance (QIp) :

"Complètement d'images " est composé de 30 items présentés par ordre croissant de difficulté. Il s'agit pour l'enfant d'identifier la partie manquante d'une image. Wechsler D. (1956) estime que le complètement d'images discrimine bien les niveaux inférieurs des niveaux supérieurs parce qu'il met en jeu les capacités perceptives fines, l'attention aux détails et l'impact de l'environnement. Selon lui, ce subtest mesure "les aptitudes fondamentales de perception et de conception tout autant qu'elles font appel à la reconnaissance visuelle et à l'identification de formes et d'objets familiers 229". Il s'agit donc d'une tâche de discrimination visuelle qui fait appel à l'organisation spatiale et à la mémoire à long terme. Elle peut être fortement réussie par les enfants qui ont besoin d'exercer un contrôle de leur environnement ou, au contraire, échouée par les enfants qui investissent la réalité sur un mode confusionnel ou phobique.

"Code " est une série d’associations de symboles simples avec une série de formes géométriques ou de chiffres. Cette tâche fait appel à l’activité graphomotrice et permet d’apprécier la rapidité en fonction de l’apprentissage réalisé par l’enfant à partir de cette association de symboles. Elle utilise les capacités mnésiques à court terme, mais aussi l’attention et la concentration. Elle est donc faiblement réussie par les enfants instables car elle demande un effort soutenu. Il est important aussi de prendre en considération l’impact possible de l’anxiété pour cette épreuve chronométrée où les réactions d’angoisse, s’il s’agit chez l’enfant de troubles phobiques importants, se traduisent par une précipitation et, là aussi, par une difficulté à canaliser son attention. Il faut noter, pour finir, que ce subtest est faiblement saturé en facteur g et que les données statistiques montrent qu’il est le plus mauvais prédicteur de la note globale. Par ailleurs, il apparaît comme le moins projectif de toute la batterie, tant par le matériel utilisé que par sa nature.

"Arrangement d’images"  consiste à remettre des images dans un ordre logique. Il s'agit d'appréhender une situation concrète dans son ensemble, de saisir la signification de l'histoire, de l'ordonner logiquement et temporellement. Ce subtest fait appel à l'intelligence sociale grâce à laquelle l'enfant peut reconstituer le récit propre à la situation. De fait, cette épreuve est très saturée en facteur verbal bien qu'elle reste cependant une tâche d'organisation spatiale. Il découle de cette double caractéristique que l'enfant dyspraxique, qui montre un déficit caractéristique dans le domaine spatial, obtient généralement ses meilleurs résultats en performance à l'arrangement d'images parce qu'il peut s'appuyer sur le langage, sur le récit, pour réorganiser la succession d'images. Notons enfin que, par les aspects relationnels et les conflits contenus dans les histoires proposées dans le test, les cliniciens attribuent généralement à cette épreuve une valeur projective parfois équivalente aux épreuves thématiques utilisées en psychologie clinique. Elle peut être fortement échouée par les enfants psychotiques qui s'engouffrent dans cette brèche projective et sont amenés à proposer des combinaisons bizarres.

"Cubes " est composé d’une série de modèles géométriques imprimés que l'enfant doit reproduire dans un temps limité avec des cubes bicolores. Cette tâche met particulièrement en jeu un aller-retour entre la perception de l'ensemble du modèle et l'analyse interne de la structure. C'est pourquoi, elle induit des stratégies globales et analytiques à partir d'une mise en jeu réciproque des capacités conceptuelles d'analyse et de synthèse. Ce subtest a une forte corrélation avec l'indice global de la batterie et plus encore avec celui de l'échelle de performance, mais aussi avec certaines des épreuves verbales. Ce qui en fait une bonne épreuve d'intelligence générale. Wechsler230 D. (1956) considère qu'il s'agit du meilleur subtest de l'échelle de performance, ce qui explique certainement qu’il est fréquemment repris dans les travaux réalisés en psychologie cognitive. Par ailleurs, outre les capacités d'analyse et de synthèse, il fait également appel aux capacités logiques et de raisonnement impliquant les relations spatiales, donc à la structuration spatiale en lien avec l'intégration du schéma corporel et/ou de l'image du corps. Il est systématiquement échoué dans le cadre des retards mentaux ou des pathologies organiques impliquant le traitement perceptif, bien qu'un échec dans cette épreuve ne signifie pas spécifiquement l'existence d'un déficit. L'analyse qualitative des stratégies et des comportements de l'enfant appliqués à cette épreuve est riche d'information dans le cadre des troubles de la personnalité tant sur le plan d'une appréciation des compétences cognitives sous-jacentes qu'au niveau des troubles instrumentaux fréquemment associés dans ce cadre clinique.

"Assemblage d'objets " est constitué de puzzles réalisés sans modèle et dans un temps chronométré. Ce subtest suppose l’aptitude à l’identification des éléments séparés puis à la représentation de l’objet global. Il met également en jeu l’aptitude à s’engager dans un travail dont le but est inconnu et sollicite la créativité. Wechsler231 D. (1956) a beaucoup hésité avant d’intégrer ce subtest au reste de la batterie en raison de ses faibles corrélations avec les autres subtests232, mais aussi peut-être à cause de sa forte sensibilité à l’apprentissage réalisé par les enfants qui ont l’habitude de manipuler des puzzles. Ceci dit, cliniquement, il lui attribue une forte valeur qualitative à partir de l'observation de la manière avec laquelle l’enfant aborde cette tâche : persévérance ou découragement, tâtonnements, essais et erreurs, réflexion avant l’action ou l’inverse, …etc. La signification de la figure générale apparaît-elle plus ou moins rapidement au sujet ? Arbisio C. (2003, p 238) fait remarquer que "l'Assemblage d'objet a un statut intermédiaire entre les subtests des Cubes et Arrangement d'Images. Les représentations aux Cubes sont totalement dépourvues de signification, alors que l'Arrangement d'images implique le déploiement et la compréhension de véritables récits. Les items de l'Assemblage d'objets renvoient à des représentations précises, mais qu'un seul mot peut désigner 233 ." Par ailleurs, elle insiste sur le fait que l’Assemblage d’objets implique particulièrement le schéma corporel et l’image du corps puisque pour retrouver et reconstruire une figure à partir de morceaux, un étayage sur une représentation unifiée du corps propre est nécessaire. De fait, les enfants qui sont aux prises avec une angoisse de morcellement se trouvent très en difficulté et leurs résultats sont souvent très faibles.

Notes
229.

Ibid. p.111.

230.

Ibid. p. 113.

231.

Ibid. p. 119.

232.

Ce subtest a d’ailleurs été supprimé dans la WISC IV.

233.

Arbisio C., (2003), Le bilan psychologique avec l'enfant. Approche clinique du WISC III, Paris, Dunod, p. 238.