3.2.2.2.1. Du côté des processus simultanés.

"Reconnaissance de formes " est une épreuve originale du K-ABC qui, à côté d’autres subtests, participe à la construction de l’échelle des processus simultanés. On présente à l’enfant 25 dessins (plus un exemple) représentant différents objets (oiseau, visage, chien, cochon, téléviseur, appareil photo, etc.) qu’il doit reconnaître et nommer malgré les altérations de l’image. Les dessins sont en noir et blanc et seules quelques lignes du tracé de l’objet sont figurées, ce qui donne à l’image l’aspect d’une silhouette éclatée, parcellaire, plus ou moins reconnaissable. D'après Kaufman A. (1993), "Reconnaissance de formes mesure l'aptitude de l'enfant à remplir mentalement les blancs d'un dessin incomplet de façon à pouvoir le nommer ou le décrire 239." Cette épreuve apparaît comme très complémentaire au WISC III parce qu'elle permet de mesurer l'inférence perceptive et la capacité de l'enfant à convertir des stimuli abstraits en un objet concret. Le WISC III est en effet un outil très centré sur les performances de l'enfant, c'est la raison pour laquelle il ne propose aucun subtest susceptible d'évaluer ce type de compétence.

Mais la principale raison qui justifie à nos yeux le choix de Reconnaissance de formes comme subtest complémentaire tient surtout à sa potentialité projective qui paraît naturellement riche d'utilisation dans le cadre d'un travail portant sur l'approche clinique du fonctionnement cognitif de l'enfant. Ce potentiel projectif est évoqué par les auteurs eux-mêmes240 du test (bien qu'ils s'inscrivent sans ambiguïté dans le cadre d'une démarche neuropsychologique), et il a rapidement fait l'objet d'étude de la part des cliniciens241 (Denardi M. T., Douet B., 1994). En effet, ce subtest présente un matériel qui, de par sa structure, est déstabilisant et sollicite un percept qui ne prend sens que par une interprétation, c'est à dire une comparaison à un modèle interne préalablement posé. Ici, l'imprécision du dessin infléchit la perception dans le sens de l'affect. L'image du corps est fortement sollicitée dans ce type de tâche qui s'apparente finalement à un test projectif, tel le Rorschach, alors qu'il est introduit dans la batterie dans une visée purement cognitive. Les dessins altérés et nommés par l'enfant sont à mettre en rapport avec la solidité des enveloppes corporelles, ainsi que la fiabilité des objets internes.

"Mémoire spatiale" consiste à rappeler l'emplacement d'images dans une page qui a été brièvement exposée à l'enfant. Cette épreuve mesure l'aptitude à mémoriser des localisations spatiales et à les restituer de mémoire en les pointant sur une page organisée sous la forme d'une grille délimitant des emplacements vides. Il s'agit d'une épreuve de mémoire immédiate visuelle qui sollicite les processus simultanés et non pas séquentiels dans la mesure où l'enfant doit maintenir en mémoire simultanément l'ensemble des emplacements avant de les restituer en les pointant séquentiellement. Nous avons retenu ce subtest comme épreuve complémentaire essentiellement parce que le WISC III ne propose pas de subtest analogue, ou s'en rapprochant, susceptible de fournir des observations concernant la mémorisation spatiale qui nous semble occuper une place centrale dans la structuration du monde extérieur par l'enfant. Ici, c'est plus particulièrement le schéma corporel de l'enfant qui nous paraît sollicité, notamment l'axe du corps qui permet de construire les repères externes et d'organiser l'espace. Pour réussir, l'enfant doit faire preuve de fluidité, montrer une bonne organisation perceptive et posséder de bonnes aptitudes spatiales. Ceci dit et cliniquement, il faut également prendre en compte le fait que la réussite à Mémoire spatiale demande une bonne concentration. En effet, un empan d'attention faible, peut indiquer que la distractibilité et l'anxiété de l'enfant participent aux mauvaises performances.

Notes
239.

Kaufman A., Kaufman N., (1993), Batterie pour l'examen psychologique de l'enfant; Manuel d'interprétation, Paris, ECPA, p. 44.

240.

Ibid, p. 11.

241.

Denardi M.T., Douet B., (1994), "Potentiel projectif du subtest Reconnaissance de formes du K-ABC", L'examen psychologique de l'enfant - K-ABC - pratique et fondements théoriques, Grenoble, La pensée sauvage, p. 203-213.