3.2.2.2.2. Du côté des processus séquentiels.

Grégoire J. (1996), rappelle avec justesse que le K-ABC ne mesure pas de façon identique les processus simultanés et les processus séquentiels. Certaines épreuves prévues à l'origine pour mesurer le traitement séquentiel ont dû être abandonnées par les auteurs du test parce qu'ils se sont aperçus in fine qu'elles ne parvenaient pas à l'objectif fixé parce qu'elles mettaient plus particulièrement en jeu les processus simultanés. Par conséquent, dans la version définitive du test, seules trois épreuves seront conservées pour mesurer le traitement séquentiel. Ces trois subtests sont tous les trois des tâches de mémoire à court terme : Mouvements de main, Mémoire de chiffres et Suite de mots.

‘"Nous pouvons donc nous interroger sur la véritable nature de la note totale à l'échelle de traitement séquentiel. Il y a là un risque non négligeable de simplifier abusivement la réalité cognitive242" ’

Pour conserver, malgré tout, une appréciation des processus séquentiels, nous avons sélectionné deux subtests de l'échelle comme subtests complémentaires à l'évaluation réalisée à partir du WISC. Nous avons écarté le subtest Mouvements de mains qui, selon nous, reste trop dépendant des aspects praxiques mis en jeu par l'épreuve. Par contre, nous avons conservé Mémoire immédiate de chiffres qui a permis de remplacer avantageusement le subtest facultatif Mémoire de chiffres du WISC III. Enfin, nous avons inclus dans le protocole Suite de mots qui est un subtest original et qui n'a pas d'équivalent dans le WISC :

"Mémoire immédiate de chiffres " mesure l'aptitude de l'enfant à répéter dans l'ordre des séries de chiffres données verbalement par le psychologue. La répétition de chiffres dans le même ordre est une épreuve célèbre depuis qu'elle a été introduite par Binet A. (1905) dans son premier test d'intelligence et reprise par la suite dans de nombreux tests d'intelligence, de développement et d'aptitudes psycholinguistiques. Ce subtest a l'avantage d'être très indépendant des influences culturelles et ne nécessite pas de manipulation d'un matériel particulier, ce qui est certainement la raison de son succès. D'après Kaufman243 A. S. (1993), les analyses factorielles font apparaître qu'il s'agit de la meilleure mesure du traitement séquentiel à travers les âges. Cette tâche sollicite un bon empan de l'attention ; la distractibilité et l'anxiété nuisent effectivement aux performances. Elle mesure préférentiellement la mémoire immédiate auditive.

"Suites de mots " consiste à mesurer l'aptitude de l'enfant à montrer du doigt des dessins d'objets usuels dans l'ordre où le psychologue les a nommés. Cette épreuve est une adaptation de l'épreuve clinique audito-verbale utilisée par Luria244 A. R. (1966) pour mesurer les fonctions supérieures du lobe temporal gauche. Elle a été légèrement modifiée dans le K-ABC en remplaçant la restitution verbale par une réponse motrice ; "Ceci pour réduire, dans toute la mesure du possible, les réponses verbales de l'enfant 245 ." (Kaufman A. S., Kaufman N., 1993). De la même façon que dans le test de Luria nous trouvions une tâche perturbatrice, le subtest Suites de mots du K-ABC propose une tâche d'interférence qui consiste à faire nommer par l'enfant une suite de couleurs entre le moment de l'encodage des mots et leur restitution. Cette introduction d'une variation dans le déroulement du subtest sollicite chez l'enfant, d'une part, une flexibilité pour s'adapter rapidement au changement et, d'autre part, un effort d'attention-concentration supplémentaire. C'est à dire une certaine maturité qui permet de travailler efficacement malgré les distractions et de bien tolérer la frustration. Enfin, d'un point de vue instrumental Suites de mots mesure l'intégration auditivo-visuelle, la mémoire auditivo-motrice, et la mémorisation sans répétition.

Notes
242.

Grégoire J. (1996), "L'évaluation diagnostique des troubles de l'apprentissage", A.N.A.E., 39/40, Paris, PDG COMMUNICATION, p. 120.

243.

Kaufman A., Kaufman N., (1993), Batterie pour l'examen psychologique de l'enfant; Manuel d'interprétation, Paris, ECPA, p. 46.

244.

Luria A. R., (1966), higher cortical functions in man, New York, Basic Books.

245.

Ibid. p.48.