3.3.1. Le WISC et les subtests complémentaires du K-ABC.

3.3.1.1. Mettre en évidence des profils cognitifs.

Pour affiner nos observations portant sur les évaluations classiques nous avons souhaité que le traitement statistique génère exactement "deux classes" aussi différentes que possible l'une de l'autre à partir des performances recueillies pour l'ensemble de la population clinique. D'un point de vue méthodologique, nous avons en effet considéré qu'il n'était pas souhaitable de faire porter l'analyse statistique groupe par groupe, tels que les deux groupes cliniques avaient été composés à partir des diagnostics établis par les cliniciens. Il s'agissait d'entreprendre la démarche inverse, c'est à dire de vérifier dans un premier temps si les données - pour l'ensemble de la population clinique - permettaient de faire émerger deux types de profils cognitifs particuliers, pour comparer dans un deuxième temps les répartitions diagnostiques à l'intérieur des deux classes statistiquement définies.

Cette méthode de classification est très différente des méthodes de classification ascendante et de classification conjointe. Supposons – ce qui est notre cas - que nous ayons déjà des hypothèses concernant le nombre de classes d'observations possibles à l'intérieur d'une même population clinique, nous pouvons souhaiter que le traitement génère exactement deux classes aussi différentes que possible l'une de l'autre. C'est le type de problème que l'on peut résoudre grâce à l'algorithme des k-moyennes. D'une manière générale, les k-moyennes produisent exactement k classes aussi différentes entre elles que possible. Du point de vue des calculs, nous pouvons considérer cette méthode comme une analyse de variance "à l'envers".

A partir de l'ensemble de la population clinique, nous obtenons la distribution suivante:

Graphique 4 : Distribution en deux classes des performances moyennes obtenues pour chaque subtest du WISC et du K-ABC. Les subtests en vert sont les subtests pour lesquels la différence est significative entre les deux classes.
Graphique 4 : Distribution en deux classes des performances moyennes obtenues pour chaque subtest du WISC et du K-ABC. Les subtests en vert sont les subtests pour lesquels la différence est significative entre les deux classes.

Nous observons bien deux profils décrivant deux types de processus cognitifs distincts. L'un (en rouge) correspondant au groupe des dysharmonies psychotiques, puisque la grande majorité des enfants appartenant à ce groupe diagnostique se trouve rassemblée à l'intérieur de cette classe statistique, à l'exception de trois enfants appartenant à la catégorie clinique des dysharmonies évolutives. Inversement, la grande majorité des enfants appartenant au groupe des dysharmonies évolutives est rassemblée dans la seconde classe (en bleue) à l'exception de quatre sujets pour lesquels un diagnostic de dysharmonie psychotique avait été préalablement posé.

Nous examinerons le statut psychopathologique particulier de ces "intrus" dans la discussion. En attendant, les deux groupes diagnostiques sont maintenant légèrement modifiés par rapport à la répartition initiale. D'un point de vue méthodologique, la suite du traitement statistique doit évidemment porter sur cette nouvelle répartition qui distingue maintenant les deux groupes suivants :

  • Le premier groupe, que nous avions intitulé groupe A, est assimilé aux dysharmonies psychotiques. Ce groupe est maintenant composé de vingt-quatre sujets, sept filles pour dix-sept garçons. Le plus jeune est âgé de sept ans et deux mois, le plus âgé de onze ans et quatre mois. La moyenne des âges de ce groupe est de huit ans et onze mois. Trois sujets appartenant initialement au groupe des dysharmonies évolutives ont rejoint ce groupe en raison de leur profil cognitif.
Graphique 5 : Dysharmonies psychotiques : sexe ratio
Graphique 5 : Dysharmonies psychotiques : sexe ratio
  • Le deuxième groupe, que nous avions intitulé groupe B, est assimilé aux dysharmonies évolutives. Ce groupe est composé de vingt-trois sujets, le plus jeune est âgé de sept ans et un mois, le plus âgé de onze ans et neuf mois. La moyenne des âges de ce groupe est de neuf ans et trois mois. Quatre enfants appartenant initialement au groupe des dysharmonies psychotiques ont rejoint ce groupe en raison de leur profil cognitif.
Graphique 5 : Dysharmonies évolutives : sexe ratio
Graphique 5 : Dysharmonies évolutives : sexe ratio

Notons que la différence sur l'âge entre les deux groupes n'est pas significative. [Analyse de variance effectuée avec un facteur inter à deux modalités, F (1, 45) = 0.534, NS]