3.3.2.5. Les mesures du go-nogo (GO).

Principe de l'épreuve : après avoir entraîné l'enfant à répondre le plus rapidement possible lors de l'apparition de la croix (X) au cours de l'étape précédente, il s'agit maintenant de placer l'enfant en situation de suspendre sa réponse motrice à l'apparition d'un autre signe (+).

Le sujet passe d’abord une phase d’apprentissage sur 10 items, puis passe 3 séquences de 20 items (séparés par un temps de repos). On enregistre le temps de réaction moyen et le nombre d’erreurs qui correspondent aux réponses données par l'enfant à l'apparition du signe (+). Nous calculons également le pourcentage d'augmentation du temps moyen de réaction entre l'alerte phasique et le go-nogo.

Une analyse de variance réalisée avec 2 facteurs, un facteur inter (groupe A, B, C), un facteur intra (temps de réaction) en situations 1, 2 et 3, et une covariable (Age), montre un effet du groupe [F (2, 97) = 30.453, p < 0.001], pas d'interaction GO*Age, ni GO*Groupe.

Graphique 12 : Comparaison des performances au go-nogo (temps de réaction) entre les trois groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C), pour les trois situations 1, 2 et 3.
Graphique 12 : Comparaison des performances au go-nogo (temps de réaction) entre les trois groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C), pour les trois situations 1, 2 et 3.

Une analyse post hoc (Tukey) montre que les trois groupes diffèrent deux à deux. Les témoins sont plus rapides que les dysharmonies évolutives qui, elles mêmes sont plus rapides que les dysharmonies psychotiques.

Pour préciser ces premiers résultats, nous avons comparé les trois groupes sur le nombre d'erreurs réalisées par les enfants en situations S1, S2, et S3. Rappelons qu'une erreur au go-nogo correspond à une réponse de l'enfant lors de l'apparition du signe (+) alors que la réponse motrice est attendue uniquement à l'apparition de la (X).

Une ANCOVA réalisée avec deux facteurs, un facteur inter (Groupes A, B, C), un facteur intra (nombre d'erreurs), et une covariable (âge), montre un effet de groupe [F (2, 97) = 3.479, p < 0.05]. Pas d'effet d'âge.

Graphique 13 : Comparaison du nombre d'erreurs au go-nogo (go-erreur) entre les trois groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C).
Graphique 13 : Comparaison du nombre d'erreurs au go-nogo (go-erreur) entre les trois groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C).

Une analyse post hoc (Tukey) détermine que seul le groupe A est significativement différent de C. Autrement dit, et en prenant en compte les résultats précédents : si les dysharmonies évolutives sont un peu plus lentes que les témoins, les enfants appartenant à ce groupe ne commettent pas plus d'erreurs que ces mêmes témoins. Par contre, les enfants psychotiques sont à la fois plus lents et commettent plus d'erreurs que les témoins.

Si nous rapprochons ces résultats de ceux observés à l'épreuve d'alerte phasique, nous constatons que les enfants appartenant au groupe des dysharmonies évolutives, après une phase d'habituation (S1), sont aussi rapides que les témoins au cours des phases S2 et S3. Par contre, le processus décisionnel induit par le go-nogo (qui est bien mis en jeu par cette population puisqu'ils ne font pas plus d'erreurs que les témoins) provoque une augmentation des temps de réaction supérieure à celle des témoins.

Par contre, les enfants psychotiques sont plus lents au go-nogo et à l’alerte phasique. Ils font également plus d’erreurs que les enfants des groupes B et C. Compte tenu de ces erreurs, nous pouvons légitimement nous interroger sur les capacités mises en œuvre par ce groupe clinique pour respecter la consigne introduite par le go-nogo, autrement dit les conditions de mise en application du processus décisionnel lui-même.

Dans un troisième temps, nous avons donc calculé le pourcentage d'augmentation du temps moyen de réaction des enfants entre l'alerte phasique (ap) et le go-nogo (go), c'est à dire le temps nécessaire à la prise de décision par l'enfant : répondre ou ne pas répondre. Une ANCOVA réalisée avec un facteur inter groupe, un facteur intra, pourcentage d'augmentation du temps de réaction (go/ap), et une covariable (âge), montre un effet de groupe [F (2, 97) = 3.235, p < 0.05].

Graphique 14 : Comparaison des pourcentages d'augmentation du temps de réaction de l'alerte phasique au go-nogo (go/ap) entre les groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C).
Graphique 14 : Comparaison des pourcentages d'augmentation du temps de réaction de l'alerte phasique au go-nogo (go/ap) entre les groupes ; dysharmonies psychotiques (A), dysharmonies évolutives (B), groupe témoins (C).

L'analyse post hoc montre que seul les enfants du groupe B sont significativement différents des témoins. Nous pouvons être surpris, a priori, de constater que les enfants psychotiques ne produisent pas ici des performances différentes des témoins. Il faut cependant rapporter ces résultats aux observations précédentes car, si les enfants psychotiques rejoignent ici les résultats de la population témoins, il faut rappeler qu'ils font plus d'erreurs. Autrement dit, leurs performances sont faussées par le fait que les réponses sont plus impulsives. Par contre, les dysharmonies évolutives montrent des performances effectivement plus faibles que les témoins pour un même nombre d'erreurs parce qu'ils consacrent plus de temps au processus décisionnel qu'ils respectent.