3.4. Discussion

Nous sommes partis d’une population clinique couramment rencontrée dans le cadre des activités des secteurs de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Au sein de cette population, nous avons distingué deux catégories diagnostiques à partir de la Classification Française des Troubles de l’Enfant et de l’Adolescent (CFTMEA, 2002). Bien que ces deux entités nosographiques recouvrent des organisations psychopathologiques différentes, elles sont toutes deux d’instauration précoce et, dans les deux cas, le retard de développement dépasse les seules dimensions instrumentales pour mettre en scène des troubles plus généraux d’organisation de la pensée. Dans les deux cadres, nous observons une altération des processus de représentation et de symbolisation.

Conformément aux critères de diagnostic différentiel préconisés par la classification française, la répartition des enfants entre les deux groupes diagnostiques s'est faite à partir des analyses psychopathologiques réalisées par les professionnels au fil de l'expérience clinique. D'un côté, les dysharmonies psychotiques sont marquées par une rupture du rapport avec le réel, elles concernent surtout l'axe dit objectal, qui suit la ligne de différenciation/individuation, de séparation moi/non-moi. De l'autre côté, les dysharmonies évolutives ne sont pas marquées par une rupture du rapport avec le réel, elles concernent principalement l'axe dit narcissique qui se réfère à la capacité pour l’enfant de s’auto-investir dans une représentation stable de lui-même. Ces deux groupes sont constitués sur la base des éléments diagnostiques ; nous pouvons donc les appeler groupes cliniques.

Dans la double perspective d'évaluer à la fois - à partir d'une approche globale - les processus cognitifs généraux de cette population, puis de vérifier s'il était possible de mettre en évidence un profil cognitif propre à chacune des sous populations diagnostiques, le traitement statistique a d'abord porté sur les performances recueillies à partir du WISC et des subtests complémentaires du K-ABC. En utilisant la méthode des K-moyennes nous avons pu produire deux classes aussi différentes entre elles que possible, définissant ainsi deux groupes que nous pouvons appeler groupes statistiques.

Cette première étape est d'autant plus importante qu'elle permet de valider, a posteriori, la répartition diagnostique effectuée à partir des éléments cliniques et psychopathologiques, sachant que cette validation sera d'autant plus forte que la cohérence entre les deux groupes, clinique et statistique, est importante.