3.4.3. L’évaluation des processus mentaux élémentaires

Notre objectif ne se résumait pas à la seule mise en évidence de certains des processus élémentaires susceptibles de peser sur les performances observées à partir des évaluations classiques. Dans cette étude nous avons pris parti et suggéré que les troubles graves de la personnalité et du comportement, dans la mesure où les troubles psychopathologiques désorganisent les activités de pensée, rendent difficile l’évaluation du développement psychologique à partir des tests classiques. Ceci se traduit généralement par des performances très faibles qui ne reflètent pas les potentialités réelles des enfants.

Pour vérifier l’existence de ces potentialités, et nous donner la possibilité d’en effectuer une mesure quantitative, nous nous sommes écartés des conceptions classiques de l’évaluation pour construire des outils certes moins ambitieux, mais qui ne sollicitent pas, du côté de l'enfant, les fonctions cognitives supérieures.

Si l’on considère que l’activité de pensée prend appui sur des mécanismes mentaux élémentaires et se construit au fil du développement, engendrant des niveaux croissants de complexité liés aux aléas des rencontres avec l’environnement, deux questions s'imposent :

Au bout du compte, on peut se demander si le clinicien, dans l’après-coup, au regard de son test classique, ne serait pas amené à constater des performances similaires - de même forme - pour ces deux catégories de sujets, bien que ne renvoyant pas aux mêmes perspectives pronostiques. Si le test classique rend compte d’un état clinique qu’il est précieux de pouvoir évaluer, il importe alors de vérifier l’intégrité des mécanismes élémentaires qui sous-tendent les organisations psychopathologiques.

C’est pourquoi, nous avons recherché, à partir des travaux de Pascual-Leone J., un modèle théorique susceptible de rendre compte de cette double logique, puisque la "Théorie des Opérateurs Constructifs" postule, on le rappelle, un métasujet à deux composantes :

C’est l’interaction entre ces deux niveaux hiérarchisés qui rend compte des performances de l’enfant tout au long du développement. Nous avons donc recherché dans l’opérateur M (espace mental), complété par une mesure des opérateurs d’apprentissage et de l’inhibition, la possibilité d’une évaluation de ces potentialités. Les résultats ont révélé certaines données.