4.2.2. Synthèse des éléments comparatifs entre l'axe narcissique et l'axe objectal.

Le contexte clinique de cette recherche concerne des enfants dont les difficultés d'apprentissage ne permettent pas une scolarisation dans les classes ordinaires de l'Education Nationale. Plus spécifiquement, ces enfants appartiennent à une population clinique où les troubles cognitifs sont fortement intriqués dans des perturbations précoces du développement provoquant un retard mental, et où les difficultés d'apprentissage apparaissent comme le symptôme de troubles psychopathologiques reconnus.

Pour reprendre la classification proposée par Berger325 M. et Ferrant A. (2003), nous ne nous situons pas ici dans le cadre des difficultés d'apprentissage pour lesquelles les troubles cognitifs sont isolés, sans autres signes développementaux distinctifs, et liés à des interactions précoces défectueuses. Ni des troubles découlant d'une simple insuffisance de stimulation et d'investissement du plaisir dans le fait d'apprendre. Encore moins des troubles s'inscrivant exclusivement dans le contexte d'une atteinte organique, neurologique, ou sensorielle326.

Nous avons réparti la population clinique selon les critères de la Classification Française des Troubles Mentaux de l'Enfant et de l'Adolescent327, en distinguant deux groupes diagnostiques s'inscrivant dans le cadre des dysharmonies développementales. Du point de vue de l'analyse des processus cognitivo-intellectuels, ces enfants n'appartiennent pas aux groupes des Dysharmonies Cognitives Pathologiques (DCP) ou des Retards d'Organisation du Raisonnement (ROR) bien développés par Gibello328 B. (1984), puisque ces deux dernières catégories sont caractérisées par une évaluation des performances cognitives se situant dans la norme, ce qui n'est pas le cas dans les deux situations cliniques présentées ci-dessus.

Cependant, cette recherche fait apparaître qu'il est possible de qualifier de "dysharmonique" les productions de ces enfants à condition d'abandonner un modèle basé sur l'analyse comparative construite sur la base d'une dichotomie "intelligence/raisonnement" pour la remplacer par une nouvelle approche, centrée sur des observations comparatives entre les mécanismes élémentaires de la pensée et la production des processus cognitifs complexes.

Dans cette nouvelle perspective, Nicolas et Simon s'inscrivent dans le prolongement des résultats mis en évidence dans le cadre de cette recherche. Ils illustrent parfaitement la dysharmonie des performances entre les niveaux élémentaire et complexe, en faisant apparaître des potentialités préservées qui remettent en question le simple constat d'un retard mental. Pour les deux sujets, comme pour les groupes de références nous observons bien une dissociation entre le niveau de performance portant sur la mise en jeu des processus élémentaires et le retard mental constaté avec les tests classiques d'évaluation intellectuelle.

Les deux enfants présentés dans le cadre de cette quatrième partie sont très représentatifs de leur groupe clinique de référence ; il est maintenant temps de proposer une rapide synthèse des éléments essentiels qui semblent caractériser, pour chacun des groupes cliniques, les processus mis à jour à partir des illustrations cliniques.

Notes
325.

Berger M., Ferrant A. (2003), "Le travail psychanalytique dans la prise en charge des troubles spécifiques des apprentissages", Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, 51, p. 212-222.

326.

Bien que l'expérience clinique réalisée auprès des enfants accompagnés et prise en charge par Graffiti montre qu'il ne faut pas exclure le principe d'une coexistence de troubles psychopathologiques et de troubles de l'apprentissage neurodéveloppementaux, relativement indépendants, au moins dans leur phase initiale (Voir dans la troisième partie de cette thèse : Margot, William, Florian, …, par exemple, p. 197).

327.

CFTMEA (2002), Classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent – R 2000, sous la direction de Mises R. et de Quemada N., 4ème édition du CTNERHI.

328.

Gibello B. (1984), L'enfant à l'intelligence troublée, Paris, Le centurion.