4.2.2.1. L'apprentissage, l'espace mental et l'inhibition.

4.2.2.1.1. L'apprentissage.

En ce qui concerne l'apprentissage, Nicolas est plus lent que Simon au cours de la première phase d'apprentissage (nombre de cycle 1) alors que ses performances sont meilleures dans la phase de rappel (nombre de cycles 2). Ces observations sont très cohérentes avec celles qui étaient réalisées pour les groupes cliniques dans la partie de ce travail consacrée à l'évaluation des compétences cognitives (nous conseillons au lecteur de se reporter au graphique 10, p. 186). Comment expliquer cette différence de comportement entre les sujets ?

Lorsque nous désirons acquérir de nouvelles connaissances, c'est notre conscience qui est sollicitée de manière primordiale. Dans le cadre de l'apprentissage du CSVI, il s'agit d'assimiler de nouvelles significations à des symboles visuels arbitraires qui devront être progressivement associés à des comportements moteurs spécifiques. L'un des aspects les plus fonctionnels de ces processus d'apprentissage de base réside dans la transposition progressive qui transforme ces nouvelles représentations mentales, acquises au prix d'efforts conscients soutenus, en procédures réalisables de manière automatique, inconscientes et enregistrées en mémoire long terme. Autrement dit, ces apprentissages sollicitent une première étape nécessairement consciente qui permet la création de nouvelles représentations qui enrichissent notre vie mentale inconsciente. Plus la participation consciente du sujet est importante dans la phase initiale de l'apprentissage, plus l'assimilation des nouvelles représentations est à la fois fiable et durable.

Avec les dysharmonies évolutives, nous pouvons faire l'hypothèse que l'identification de la tâche à réaliser mobilise une participation consciente qui réactive les mécanismes de défense de type évitement, lié aux fantasmes d'intrusion, que nous avons évoqué à partir de Julien et de Nicolas. Les patients de ce groupe sont plus lents au cours de la première phase mais leur participation consciente à l'apprentissage étant qualitativement supérieure, l'assimilation des représentations mentales en mémoire à long terme apparaît plus stable dans la phase de rappel. Avec les dysharmonies psychotiques, il semble que d'une participation consciente plus faible au cours de la première phase, découle une modalité d'apprentissage reposant principalement sur le conditionnement, par association de type stimulus/réponse, sans transformation systématique des perceptions en représentations. Cette modalité, qui sollicite moins la conscience du sujet, s'avère plus efficace dans la première phase bien que moins stable dans la situation de rappel. Il semble bien que la participation consciente du sujet dans cette tâche d'apprentissage permette de rendre compte, au moins en partie, des différences observées entre les deux groupes cliniques. Ce serait, à un niveau élémentaire, l'expression de processus observés également à d'autres niveaux.