4.2.2.4. Conclusion.

Une pathologie psychique complexe peut être observée à différents niveaux et il est tout à fait courant pour un chercheur de choisir d'étudier le fonctionnement d'un système complexe, qui comporte plusieurs niveaux d'organisation enchâssés, à l'un des niveaux plutôt qu'à un autre. Certaines propriétés du fonctionnement psychique émergent naturellement à un niveau d'organisation et il est alors tout à fait légitime, selon les phénomènes qu'il étudie, de se fixer au niveau d'organisation dont les concepts qu'il utilise décrivent avec le plus de pertinence les phénomènes qui l'intéressent.

L'opposition classique entre : le niveau des mécanismes élémentaires se situant au plus près du fonctionnement neuropsychologique ; le niveau de l'évaluation cognitivo-intellectuelle s'inscrivant dans le champ des théories de l'intelligence ; et le niveau de l'analyse psychopathologie s'appuyant sur les modèles dynamiques, peut servir pour un repérage initial mais en réalité ils ne sont pas opposables. Ces différents niveaux désignent plus trois modes d'approche, trois points de vue, que trois formes cliniques différentiables.

Les mécanismes élémentaires permettent une évaluation qui se situe au plus près des capacités initiales de l'enfant et des potentialités qu'il lui reste à convertir dans le développement de l'espace psychique. Dans le contexte de cette recherche, les conditions de ce développement dépendent pour l'essentiel de l'environnement et des relations que le sujet entretient avec ses objets primaires. Mais, ces capacités élémentaires ne suivent pas une maturation autonome, indépendamment des effets de l'environnement, car les échanges entre les niveaux élémentaire et complexe s'influencent réciproquement, et les attaques provenant de l'environnement ont également un effet au niveau élémentaire. Ainsi, la réduction du champ de conscience "mesurée" au niveau élémentaire est ici le reflet des perturbations de la conscience observées dans la mise en œuvre des processus cognitifs complexes. Par ailleurs, l'écart observé entre l'évaluation conduite à un niveau élémentaire et celle effectuée à partir de la mise en jeu des processus complexes, donne la mesure des obstacles rencontrés par l'enfant au cours du développement.

L'étude comparative des performances de Nicolas et de Simon, conjuguée à l'analyse psychopathologique de la manière dont ces enfants ont historiquement construit leur "manière d'être au monde", permet de mettre en évidence pour les deux groupes cliniques deux formes de processus psychiques, repérables à chaque niveau, en fonction des états de conscience actualisés par l'enfant. Bien entendu, la dynamique des processus psychiques engagés est plus spécifiquement accessible au niveau psychopathologique proprement dit, car il permet d'élargir l'approche des troubles cognitifs aux abords plus généraux des troubles d'organisation de la pensée et notamment d'appréhender les conditions historiques qui participent de l'émergence de ces troubles de la pensée.