1.3.4. Les syntagmes nominaux lexicaux

Nous qualifions de SNL toutes constructions dont un des éléments fonctionne comme nom (Ravid et Berman, sous presse). Le nom, qui est l’unité de base du SNL, est nécessairement déterminé. La forme minimale et prototypique du SNL est [déterminant+nom]. Il est donc constitué d’un déterminant et éventuellement modifié et/ou complété (Arrivé et al., 1986 ; Ravid et Berman, sous presse ; Riegel et al., 1994/2002). Les noms peuvent représenter des êtres, des choses, des actions, des sentiments, des qualités, ou d’autres phénomènes.

La catégorie du nom peut être décrite en opposition aux autres catégories du discours selon des critères morphosyntaxiques. Le nom connaît une variation en genre et en nombre mais, contrairement au verbe, il ne varie pas en temps. Du point de vue des variations, le nom, en français, s’éloigne de la catégorie du verbe, et se rapproche de celle des adjectifs, ces derniers variant en genre et en nombre par rapport aux noms qu’ils complètent. Afin de distinguer les noms et les adjectifs, nous pouvons avoir recours au critère sémantique. Ainsi le nom désigne et l’adjectif apporte des modifications ou informations au nom auquel il est rattaché. De plus, s’ajoutent des différences morphosyntaxiques. Premièrement, le nom prototypique est précédé immédiatement d’un déterminant mais pas l’adjectif (seulement si l’ordre du SNL est non prototypique [déterminant+adjectif+nom] et le nom est élidé [déterminant+adjectif]). Deuxièmement, c’est le genre et le nombre du nom qui commandent la variation de l’adjectif, et non l’inverse.

Lorsque nous étudions le SN, nous pouvons également nous intéresser à son architecture interne. Nous pouvons parler de complexité linguistique, concept regroupant les notions de complexité lexicale et d’architecture syntaxique (Ravid, 2005 ; Ravid et Berman, sous presse). La complexité lexicale fait intervenir divers aspects dont la densité lexicale et la diversité syntaxique. La densité lexicale se définit comme le nombre d’items lexicaux dans une unité et la diversité, aux différents types d’unités utilisées dans une unité (Ravid, 2005). L’architecture syntaxique réfère à trois mesures : (a) la longueur en mot d’une unité ; (b) la profondeur, à savoir le nombre de nœud lexicaux dans une unité et (c) la diversité, à savoir les différents types d’unités syntaxiques par unité. Dans notre recherche, nous nous concentrons sur le SN, donc aux pronoms et aux SNL. Ainsi, la complexité des SNL se définit comme suit. Sont considérés comme complexes les SNL qui contiennent plus d’un item lexical et ceux étant constitués de modifieurs, de surcroît de types différents (Ravid, 2000 ; Ravid et Berman, sous presse ; Ravid, et al., 2002). Les SNL ayant au moins deux items lexicaux (52) sont donc plus complexes que ceux n’en contenant qu’un seul (53).

(52) La fille avec le manteau rouge m’a frappé.

(53) La fille m’a frappé.

De même, les SNL contenant plusieurs types de modifieurs sont plus complexes (54) que ceux n’en contenant qu’un seul (55).

(54) La petite fille avec le manteau rouge est punie.

(55) La fille est punie.

Qualitativement, des différences de degré de complexité existent entre les modifieurs : ainsi les modifieurs du type subordonnée relative apparaissent comme des unités mobilisant plus de ressources cognitives que les adjectifs (Ravid, et al., 2002).