1.4. Cohésion/cohérence : concepts et marques, conclusion

Notre étude se concentre sur divers aspects de la syntaxe et du flux informationnel. Ce travail complète les études sur les SN dans le sens où nous souhaitons associer des observations sur la forme au flux informationnel et surtout à la PAS de Du Bois. Ainsi, nous observons certes le rôle informationnel des pronoms et des SNL mais nous nous intéressons également à la place de l’information dans l’énoncé (position syntaxique) dans quatre contextes de production : expositif écrit, expositif oral, narratif écrit et narratif oral. Nous observons l’impact du type de texte sur l’utilisation de la langue mais également l’impact de la modalité de production, de l’ordre de passation, dans une perspective développementale.

Notre travail de thèse complète, ainsi, les études concernant le flux informationnel dans le sens où nous ajoutons des dimensions jusque-là non testées. Un des buts de ce travail de thèse est en effet de vérifier que les individus de notre population ont des préférences linguistiques qui reflètent la PAS.

L’outil universel qu’est la PAS est inséré dans une étude développementale du français. Partant du postulat que le développement langagier continue au-delà de cinq ans, nous nous attendons à d’importantes variations entre les différents groupes d’âge. Si nous savons que la PAS caractérise les productions orales de locuteurs français âgés de 16 à 30 ans (Ashby et Bentivoglio, 1993), nous ne savons pas ce qu’il en est des enfants plus jeunes et ne connaissons pas l’évolution de ces contraintes linguistiques à travers le développement. Nous avons des indications dans des langues assez différentes du français et surtout en acquisition précoce mais nous n’avons guère d’analyses sur les enfants et adolescents francophones natifs et encore moins d’un point de vue développemental.

Nous avons un corpus assez conséquent dans la mesure où notre population est composée de 132 individus ayant produit chacun quatre textes, à savoir un total de 528 textes soit 57 302 mots et 9 765 clauses. Les études sur la PAS réalisées jusque-là regroupent de plus petits corpus avec un nombre plus limité de participants.

Nous avons analysé des textes oraux, narratifs et expositifs, comme cela l’a été fait précédemment, mais nous avons également ajouté des textes écrits. Si nos résultats révèlent que les individus de notre étude ont un pattern préféré, qui de surcroît répond aux critères de la PAS, il peut être intéressant de voir si la PAS s’impose dans les deux modalités de productions, étant données les importantes différences entre l’oral et l’écrit.30 Dans une même étude, nous pouvons comparer les choix linguistiques des enfants et des adolescents dans des textes oraux et écrits, dans des productions narratives et expositives.

Nous avons également observé l’impact d’une autre variable indépendante, celle de l’ordre de production. Comme nous l’expliquons dans la Partie II Méthodologie, nous avons, lors de la collecte des données, divisé notre population en deux grands groupes : (a) une première moitié de nos individus a produit d’abord un texte écrit puis un texte oral, et (b) une deuxième moitié a produit un texte oral puis un texte écrit. Il est dit communément que les enfants écrivent comme ils parlent. Est-ce que cette idée de l’influence d’une modalité du langage sur l’autre peut être confirmée ? Les individus peuvent-ils parler comme ils écrivent ? Nous pouvons nous demander si le fait de produire une première fois dans une des modalités (écrit/oral) a un impact sur la deuxième production, de modalité différente.

Notes
30.

Les différences entre les deux modalités du langage (orale et écrite) sont présentées dans le Chapitre 2 qui suit.