2.6.1. Types de planification

Les deux premières stratégies de planification sont proposées par Scardamalia et Bereiter (entre autres, Bereiter et Scardamalia, 1987, 1998 ; Bereiter, Burtis et Scardamalia, 1988). La planification par connaissances rapportées est modélisée par la Figure 11.

Figure 11 : Stratégie des connaissances rapportées (selon Bereiter et Scardamalia, 1987 et 1998 ; Traduction de Chanquoy et Alamargot, 2002:180)

Ce type de stratégie correspond à un travail de récupération des contenus, des informations, pas à pas, dans la MLT ; puis, ces derniers sont reformulés au fur et à mesure qu’ils sont récupérés « sans procéder à une réorganisation d’ensemble du contenu conceptuel ou de la forme linguistique du texte » (Chanquoy et Alamargot, 2002:7). Ce type de planification se caractérise par des cycles répétitifs de récupération et de formulation (McCutchen, 1996). Cette manière de procéder, constituer un texte pas à pas, permet aux enfants de produire un texte malgré le fait que la plupart des ressources cognitives sont consacrées à de multiples demandes de l’activité rédactionnelle (travail grapho-moteur). Cette planification permet aux scripteurs novices de prendre en considération certains aspects du contexte de production tels que le thème ou le genre du texte. Ils récupèrent leurs connaissances du contenu et du discours, prennent en considération le thème et le genre, et mettent en mot ces aspects pour concrétiser leurs représentations mentales.

La planification par connaissances transformées (Figure 12) appelle à un effort de mise en relation de deux espaces : celui des contenus (permettant l’accessibilité et l’organisation des connaissances) et celui de la rhétorique (définissant les contraintes de buts compte tenu de la situation) (Scardamalia et Bereiter, 1987, 1998).

Figure 12 : Stratégie des connaissances transformées selon Bereiter et Scardamalia, 1987 et 1998 ; Traduction de Chanquoy et Alamargot, 2002:181)

Les connaissances récupérées en mémoire sont réorganisées en prenant en compte plus de paramètres linguistiques et pragmatiques. Selon les buts communicationnels, les locuteurs/scripteurs ajustent leur message (Alamargot et Chanquoy, 2002 ; Chanquoy et Alamargot, 2002). La tâche linguistique est analysée tel un problème à résoudre. Ainsi, ce type de planification ajoute la prise en considération de ce problème (composant : analyse du problème et détermination des buts). L’organisation des connaissances suppose une planification incluant de nombreuses connaissances relatives aux domaines, aux contraintes rhétoriques, linguistiques et pragmatiques de la langue. Tous ces aspects sont pris en considération et sans cesse mis en relation avec la tâche linguistique à effectuer, le problème. Ainsi, les connaissances du contenu et celles du discours sont toujours liées au problème. Le locuteur/scripteur doit faire le lien entre les connaissances du contenu, portant sur les domaines, les champs d’études et les connaissances du discours. Ces dernières concernent les aspects syntaxiques (par exemple l’ordre des mots dans la phrase), les structures de textes et les connaissances pragmatiques (telles que les règles d’utilisation de la langue selon le contexte de production). Les scripteurs entrent dans un travail de formulation et reformulation qui peut être réalisé tant que le texte ne satisfait pas la consigne, c’est-à-dire tant que la production ne répond pas au problème.

Ce type de capacité rappelle le modèle de Levelt qui intègre syntaxe, sémantique et pragmatique. La langue offre aux locuteurs/scripteurs diverses structures pour encoder un même type de message. Il choisit alors une structure linguistique spécifique en fonction des aspects pragmatiques de la situation de production et de son intention communicative (Levelt, 1989, 1999).

Une troisième stratégie est suggérée, la planification par connaissances révisées (the Knowledge-Crafting) (Figure 13) (Kellogg, 2008).

Figure 13 : Les macro-stages du développement des aptitudes à l’écrit (Kellogg, 2008:4)

Ce troisième niveau intègre la prise en considération des représentations mentales de l’interlocuteur ; il est atteint lorsque l’individu est capable de faire appel à la planification par connaissances rapportées et à la planification connaissances transformées en prenant en considération les représentations mentales du destinataire du message.