3.2.1.3. Le facteur modalité

Pour cette étude, deux types spécifiques de langues sont étudiés : (a) la langue écrite de scolarisation ; et, (b) la langue orale (semi-)spontanée en situation non prototypiquement dialogique. Ces deux types de langues sont naturels dans le contexte spécifique de l’école.

L’étude des deux modalités est essentielle pour une bonne évaluation des compétences langagières de l’enfant ; la modalité de production (orale/écrite) est la troisième VI manipulée dans cette étude. Le fait que l’écrit et l’oral impliquent des différences significatives dans des travaux antérieurs49 et le fait que ces deux modalités diffèrent aussi bien par leurs caractéristiques linguistiques (la syntaxe, par exemple) que par leurs demandes cognitives (modalités de planification, par exemple),50 justifient le choix de cette VI.

Nous postulons qu’une production écrite est plus planifiée qu’une production orale.51 De plus, la modalité écrite appelle un registre plus académique que la modalité orale. La modalité écrite se caractérise principalement par deux aspects : une contrainte temporelle assouplie et un temps de planification supérieur (Bonin, 2003 ; Fayol, 1997). Ceci facilite la production de formes syntaxiques dont le traitement s’avère plus lourd, par exemple les sujets lourds (Gayraud et al., 2001 ; Jisa, 2004). En revanche, la modalité orale se caractérise par son temps de planification moindre et sa pression communicative supérieure (Blanche-Benveniste, 1990, 1995, 2000 ; Fayol, 1997 ; Gayraud, 2000). Aussi, nous attendons-nous à relever des différences quant aux choix linguistiques des participants.

Ainsi, l’accès lexical permettant la formation des SNL s’opère rapidement à l’oral du fait de son rythme de production alors qu’à l’écrit cet accès lexical peut être plus lent. En production écrite, nous devrions relever une proportion plus importante de SNL, et moins de répétitions d’un même item lexical.

Notes
49.

Nous pouvons citer, entre autres, Berman (2000), Berman, Ragnarsdottir et Strömqvist (2002), Ravid, Van Hell, Rosado et Zamora (2002), Berman et Verhoeven (2002), Cahana-Amitay et Berman (2000), Gayraud et al., (2000), Hurell (1956), Jisa (1998, 2000a, 2000b), Johansson (1999), Ravid et Berman (1999), Ravid et Cahana-Amitay (2005), Ravid et Katzenberger (1999), Ravid et Shlesinger (1995), Ravid, Van Hell, Rosado, et Zamora (2002), Tolchinsky et Rosado (2005), Van Hell et al. (2005).

50.

Nous pouvons citer, entre autres, Blanche-Benveniste (1990, 1995, 2000), Fayol (1997), Gayraud (2000), Halliday (1989), Johansson (1999).

51.

Se reporter à la Section 2.2 (p. 54).