3.2.2. Questions de recherche liées aux variables dépendantes

Dans les productions, nous nous intéressons principalement à la nature et à la fonction des SN tout en mettant ces informations en lien avec les contraintes discursives du discours et le statut informationnel de ces unités. Deux nouvelles questions surgissent : la position syntaxique influence-t-elle les choix des formes linguistiques ? Le statut informationnel des référents dans le discours influence-t-il la position syntaxique ? Selon divers travaux (Bock et Warren, 1985 ; Bock et Levelt, 1994 ; Keenan et Comrie, 1977 ; Leuwers, 2002 ; Levelt, 1999), l’attribution des rôles syntaxiques se ferait selon le caractère plus ou moins activé d’un élément : plus un référent serait activé, plus cet élément serait encodé sous forme pronominale et plus ce référent se verrait attribuer une fonction syntaxique dite de haut niveau (position sujet). C’est pourquoi certaines analyses de ce travail de recherche prennent en considération les positions syntaxiques.

Dans un premier temps, la lexicalité des textes est observée en analysant notamment la proportion de SNL et de pronoms.

Dans un second, en partant du postulat que la production de SNL est un indice de maturité linguistique, nous nous concentrons sur le degré de lexicalité des SNL (le nombre d’items lexicaux les constituant).

Dans un troisième temps, notre vision de la production langagière est complétée en mettant en relation les formes linguistiques avec le statut référentiel, qui influence les choix linguistiques des individus (entre autres, Ariel, 1990, 1996 ; Du Bois, 1987, 2003 ; Khorounjaia et Tolchinsky, 2004 ; Levelt, 1989 ; Sanford et Garrod, 1981a, 1981b).

Dans un quatrième temps, une étude concernant les utilisations non conventionnelles des pronoms est effectuée ; il a été référencé les utilisations suivantes : (a) les pronomsréintroduisant un référent (réintroductions pronominales) ; (b) les pronomsutilisés sans SNL introduit précédemment (référent manquant); (c) les pronomspouvant se référer à plus d’un référent préalablement intégré (référents multiples) ; et (d) les pronomsutilisés sans respect des accords en genre et/ou en nombre avec le référent auquel il se réfère (problème d’accord). Ces cas ont été analysés en pensant que ces utilisations étaient un indice (notamment pour les trois premiers cas) à la fois de non-cohérence et de respect des principes de transmission de l’information. Si les enfants ont une proportion importante de ces utilisations non conventionnelles, ceci serait dû au fait que les locuteurs/scripteurs sont submergés de tâches à réaliser. Face à cette situation, les utilisations non conventionnelles apparaissent. Ce résultat refléterait alors que la convention SNL pour une nouvelle information ou pour désambigüiser ne serait pas acquise. Néanmoins, si cette proportion est assez faible, nous pouvons nous dire que les individus respectent le fait d’utiliser un SNL pour introduire une information ou pour éviter les ambigüités.

En partant de l’idée que les productions des enfants ont une faible proportion de ces types d’utilisation, nous pensons alors que le traitement de l’ancienne information mérite réflexion, puisque le principe SNL pour une nouvelle information ou pour désambigüiser serait acquis. L’ancienne information peut être encodée de deux manières : par un pronom ou par un SNL. Le maintien sous forme pronominale est le choix le plus naturel et le plus économique, ce qui répond aux contraintes de la transmission de l’information à l’oral. Mais, nous pouvons nous demander si ce principe persiste avec l’avancée dans le cursus scolaire, à l’écrit et dans les différents types de textes. Ainsi, dans un cinquième temps, nous nous concentrons sur la forme des SN maintenant une information.