3.2.2.2. Le degré de lexicalité des SNL

Dans le Chapitre 9, le degré de lexicalité des SNL est observé. Par degré de lexicalité, nous entendons le nombre d’items lexicaux constituant un SNL, indice de complexité des SNL.56 Nous avons distingué les SNL constitués d’un nœud lexical et ceux de plus d’un nœud. Nous nous attendons à ce que la proportion des SNL constitués d’un nœud lexical et celle des SNL constitués de plus d’un nœud varient selon les facteurs niveau scolaire, type de texte, modalité et ordre.

Nous pouvons imaginer que les enfants de notre étude produisent de plus en plus de SNL complexes. Ils développent des capacités leur permettant de produire des formes cognitivement plus coûteuses et ce grâce à leur expérience avec les différents contextes de production (Ravid, 2000).

Nous pensons également que les individus ont tout de même des préférences pour un type de SNL particulier selon le contexte de production (type de texte et modalité). Le texte expositif exigeant un registre plus académique que le texte narratif pourrait appeler la production de SNL plus complexes que le type narratif : les enfants apprendraient à s’adapter au contexte de production, tout comme les adultes (Levelt, 1989).

Les participants de notre étude pourraient produire des SNL composés de plus d’un nœud lexical davantage en production écrite qu’en production orale. En effet, la production écrite, de par son rythme de production lent, permet un temps de planification plus important, ce qui faciliterait l’accès lexical, et donc également la production de plus d’un nœud lexical à l’intérieur d’un même SNL.

L’ordre ferait également varier la proportion des SNL constitués d’un nœud lexical, celle des SNL constitués de deux et celle des SNL constitués de plus de deux nœuds. L’ordre écrit/oral faciliterait davantage la production de SNL composés de plus d’un nœud.

Enfin, nous nous attendons à ce que les proportions des SNL composés d’un nœud et de plus d’un nœud, varient également selon leurs positions syntaxiques. En effet, les locuteurs/scripteurs combleraient la position syntaxique sujet, le plus souvent, en ayant recours à un sujet léger (Blanche-Benveniste, 1995, 1990 ; Chafe, 1994 ; Du Bois, 1987, 2003 ; François, 1974 ; Jeanjean, 1980 ; Lambrecht, 1987). Ainsi, les individus de notre étude suivent sans doute cette tendance et s’ils placent un SNL en position sujet, nous supposons qu’il sera généralement le moins lourd possible.

Partons de l’idée que les résultats de la lexicalité des textes et de la constitution des textes fassent ressortir un lien fort entre formes linguistiques, positions syntaxiques, contexte de production et âge. Nous pouvons alors compléter notre connaissance de la production langagière en mettant en relation tous ces aspects avec le statut référentiel, qui semble lui-aussi avoir un impact sur les choix linguistiques des individus (entre autres, Ariel, 1990, 1996 ; Du Bois, 1987, 2003 ; Khorounjaia et Tolchinsky, 2004 ; Levelt, 1989 ; Sanford et Garrod, 1981a, 1981b).

Notes
56.

Le nombre de nœud comme indice de complexité du SNL est argumenté à la Section 1.3.4 (p. 46/47).