4.2. Sélection des lieux

En 1981, face à l’inégalité scolaire et à la persistance de l’échec scolaire parmi les élèves les plus défavorisés, le gouvernement de l’époque se joint aux équipes éducatives afin de mettre en place les ZEP (Zones d’Éducation Prioritaire). Ces zones sont créées dans certaines régions françaises afin d’introduire dans le système scolaire « l’idée de discrimination positive qui s’exprime de deux façons : « à des situations inégalitaires, solutions inégalitaires » ou « donner plus à ceux qui ont moins » (Chauveau, 2000:53). Le 1er Juillet 1981, une circulaire du bulletin officiel de l’Éducation Nationale annonce la création du système ZEP qui était au centre des discussions des pédagogues depuis une douzaine d’années. Une ZEP constitue une zone rassemblant divers établissements, de l’école élémentaire, en passant par l’école primaire puis par le collège, au lycée professionnel (dans la région Rhône-Alpes, les lycées généraux n’entrent pas dans ce système) que les recteurs des Académies désignent. Les ZEP sont créées dans le but de répondre à un besoin d’améliorer les résultats scolaires dans des lieux où les indicateurs socioéconomiques et socioculturels étaient plutôt faibles. Il s’agit d’une concrétisation d’une politique de discrimination positive. Plusieurs critères furent utilisés afin de sélectionner les établissements d’une ville ou d’une région spécifique qui forment la Zone d’Éducation Prioritaire. Ils sont de plusieurs ordres : premièrement, les recteurs se basent sur une analyse géographique des résultats scolaires, sur des critères externes et internes de détermination des zones prioritaires (Circulaire n° 81-536 du 28 décembre 1981 (B.O.spécial n°1 du 21-01- 1982)). En 1997, une politique de relance engendre la création des REP, Réseaux d’Éducation Prioritaire. Concrètement, les établissements classifiés ZEP deviennent alors des ZEP/REP et de nouveaux établissements, sous l’étiquette de REP, se joignent à une organisation ZEP/REP. Ces nouvelles écoles ou collèges REP profitent, par exemple, de projets communs sans pour autant bénéficier des avantages des ZEP tels que des financements et des professeurs supplémentaires ou des effectifs de classe abaissés.

Pour notre étude, nous nous sommes limitée à l’Académie de Lyon, qui, en 2004/2005, rassemble quarante REP dont : (a) cinq REP ne contiennent pas d’établissement en ZEP, (b) cinq REP avec certains établissements en ZEP, (c) trente REP composés d’établissements tous catégorisés ZEP. Généralement, les ZEP/REP se situent géographiquement plus fréquemment dans les zones et agglomérations urbaines que dans les zones rurales (Kociemba, 2004) ce qui se confirme dans l’Académie de Lyon. Trois départements constituent l’académie de Lyon : l’Ain, la Loire et le Rhône. Six REP sont situés dans le département de l’Ain, huit dans celui de la Loire et vingt-six dans celui du Rhône (Cf. Carte 1).

Carte 1 : Carte des Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP) de l’Académie de Lyon
Carte 1 : Carte des Réseaux d’Éducation Prioritaire (REP) de l’Académie de Lyon Source : http://www.educationprioritaire.education.fr/

En 2004, dans l’Académie lyonnaise, 383 établissements sont recensés dont 310 sont consacrés au premier degré (avec 150 écoles maternelles et 160 écoles primaires) et 73 sont voués au second degré (dont 50 collèges). Ces établissements regroupent 80 783 élèves dont 47 267 dans le premier degré (17 778 élèves en écoles maternelles et 27 489 en écoles primaires). Cette masse d’individus implique 7 286 postes dont 2 706 dans le premier degré et 4 580 dans le second degré.

Nous nous sommes focalisée sur des établissements d’une commune du Rhône de l’est-lyonnais pour collecter les données. Deux lycées, un lycée général et un lycée d’enseignement professionnel (LEP), huit écoles primaires et deux collèges se situent dans cette agglomération. Le LEP, trois des écoles primaires et un des collèges sont qualifiés d’établissements ZEP/REP. Nous avons décidé de nous concentrer sur ces établissements ZEP/REP excepté le LEP.

Une autorisation de l’Inspection Académique était nécessaire. Nous avons assisté à des réunions ZEP/REP afin de rencontrer les directeurs des écoles primaires, la principale du collège et les responsables académiques. La participation à ces réunions a permis une meilleure connaissance du terrain et des principaux acteurs adultes tels que les instituteurs/institutrices, les responsables des centres sociaux, etc. Après avoir exposé notre projet et répondu à leurs questions, un dossier, sous-couvert de la Principale et de l’Inspectrice de l’Éducation Nationale a été envoyé au rectorat dans le but d’obtenir une autorisation administrative. L’autorisation officielle ainsi obtenue, nous avons pu commencer notre travail de terrain. La première étape était de réunir les équipes pédagogiques des écoles primaires ainsi que celles du collège afin de leur faire une présentation du projet. Une fois que les instituteurs/institutrices et les professeurs ont accepté de participer, nous avons pu commencer notre travail avec les élèves.

Notes