10.3. Conclusion du Chapitre 10

Les résultats de ce chapitre confirment en partie nos hypothèses. Les proportions de SN maintenant et introduisant une information varient avec le niveau scolaire. Nous n’avions pas posé d’attentes spécifiques quant à la proportion des SN introduisant et maintenant une information. Les analyses statuent sur cette hypothèse : la proportion de SN introduisant une nouvelle information diminue alors que celle des SN maintenant une information augmente. Néanmoins, en regardant le nombre moyen de SN introduisant une nouvelle information et celui des SN maintenant une information par texte, nous observons que les enfants maintiennent certes de plus en plus avec le niveau scolaire mais ils introduisent également de plus en plus de nouvelles informations (Tableau 10). Ces résultats révèlent qu’avec l’expérience, les enfants enrichissent de plus en plus leurs textes que ce soit par l’introduction de nouvelles informations ou par le maintien de ces informations dans le but de développer des thématiques.

La proportion des SN introduisant une nouvelle information et celle des SN introduisant une nouvelle information varient également selon le contexte de production (type de texte et modalité). Néanmoins, ces deux variables ne varient pas selon l’ordre.

De plus, l’observation des SN maintenant et introduisant une information selon les positions syntaxiques (Section 10.2, p.240) rend compte de certains phénomènes relatifs à la position syntaxique. Ainsi, la proportion des SN introduisant une information en position sujet est plus élevée en production écrite ; en revanche, la proportion des SN introduisant une information en position objet est plus importante à l’oral.

Selon les principes de transmission de l’information de l’oral, introduire une information se fait forcément sous forme lexicale et le choix naturel est de mettre cette nouvelle information en position objet. Ceci est dû à la relation étroite entre position syntaxique et forme linguistique dont nous avons parlé dans les chapitres précédents. Les formes lexicales sont de préférence en position non sujet. Produire cette nouvelle information sous forme lexicale en position sujet exige du locuteur d’aller à l’encontre de deux principes naturels du traitement de l’information : (a) le fait que la nouvelle information est préférentiellement en position non sujet ; et (b) le fait que la forme lexicale ne remplit pas la forme sujet. Les individus trouvent les ressources nécessaires en modalité écrite, qui de par son rythme de production lent, implique un temps de planification long. Durant ce temps, les scripteurs peuvent, entre autres, en profiter pour défier ces principes.

Dans ce chapitre, nous avons pu voir ce qu’il en était de deux des contraintes de la PAS de Du Bois (1987, 2003) : (a) une seule nouvelle information par clause ; et (b) la nouvelle information est en position non sujet. Les individus de notre étude se soumettent davantage aux contraintes de la PAS dans les contextes narratif et oral. En production expositive et écrite, les enfants la respectent de moins en moins avec les années de scolarisation et l’expérience de l’écrit. En effet, cette modalité du langage implique des contraintes différentes des contraintes naturelles de l’oral auxquelles les enfants apprennent à faire face.

Ces analyses nous ont éclairée sur le statut informationnel des SN dans une optique prenant également en considération les positions syntaxiques. Ces résultats peuvent être complétés par une étude portant sur les formes linguistiques utilisées selon les statuts informationnels. Nous savons que la nouvelle information est lexicale. Néanmoins, nous pourrions trouver dans les productions des enfants: (a) des réintroductions sous formes pronominales (b) des cas de référent manquant, (c) des cas de référents multiples, et (d) des problèmes d’accord. C’est pourquoi nous proposons des analyses concernant l’observation de l’utilisation non conventionnelle de pronoms par les enfants. Si les analyses révèlent une faible proportion de ces utilisations, cela montrera alors que les enfants savent comment encoder la nouvelle information et qu’il faut utiliser un SNL lorsqu’il y a ambigüité ou réintroduction.