i.i.iii. Attentes et résultats

Le Tableau 13 ci-dessous résume pour chaque variable principale sa variation quant aux facteurs, niveau scolaire, type de texte, modalité et ordre.

[Tableau 13 : Récapitulation des résultats]
Tableau 13 : Récapitulation des résultats
niveau scolaire type de texte modalité ordre
SNL
(Chapitre 8)
Augmente Plus en expositif Plus à l’écrit Plus écrit/oral
Pronoms
(Chapitre 8)
Diminue Plus en narratif Plus à l’oral Plus oral/écrit
SNL 1 nœud
(Chapitre 9)
Diminue Plus en narratif Plus à l’oral Plus oral/écrit
SNL +1 nœuds
(Chapitre 9)
Augmente Plus en expositif Plus à l’écrit Plus écrit/oral
Ancienne information
(Chapitre 10)
Cf. Discussion p. 231 Plus en narratif Plus à l’oral NS
Nouvelle information
(Chapitre 10)
Cf. Discussion p. 231 Plus en expositif Plus à l’écrit NS
Utilisations des pronoms non conventionnelles
(Chapitre 11)
Diminue Plus en expositif NS NS
Ancienne information sous forme lexicale
(Chapitre 12)
Augmente NS Plus à l’écrit Plus écrit/oral
Ancienne information sous forme pronominale
(Chapitre 12)
Diminue NS Plus à l’oral Plus oral/écrit
Substitution lexicale : répétition
(Chapitre 12)
Diminue NS Plus à l’oral NS
Substitution lexicale : changements linguistiques
(Chapitre 12)
Augmente NS Plus à l’écrit NS

Ces résultats répondent, d’une manière générale, positivement à nos attentes de départ, regroupées dans le Tableau 4, à la Section 3.3 (p. 108). Si nous n’avions pas posé d’attentes strictes quant à la proportion de l’ancienne information et celle de la nouvelle information, les analyses font émerger des tendances. Les résultats montrent que la proportion de l’ancienne information augmente avec le niveau scolaire et que celle de la nouvelle information diminue. Néanmoins, rappelons que ce résultat a été source de discussion (cf. p. 235). Il en a été déduit que les productions des individus les plus âgés (3ème) sont plus longs grâce à la capacité d’introduire et aussi de maintenir. Leurs textes sont plus riches en nouvelles informations mais ces nouvelles informations sont également plus maintenues et développées. Avec l’expérience, les individus enrichissent leurs textes aussi bien en multipliant les nouveaux référents qu’en les maintenant davantage, dans le but de discuter dessus.

De plus, nous notons que certains facteurs dont nous attendions des effets n’affectent pas certaines variables. Seuls les facteurs niveau scolaire et modalité ont toujours un impact. Avec les années de scolarisation et donc avec l’expérience à l’écrit et à divers types de textes, la production langagière en situation monologique des enfants de notre étude évolue. Chaque variable principale observée dans ce travail de recherche (Tableau 13) varie selon le niveau de scolarisation des individus. La modalité de production est un des aspects du contexte de production influençant toujours les choix linguistiques des individus.

L’ordre et le type de texte sont les deux facteurs qui interviennent plus sporadiquement. L’ordre n’affecte pas la proportion de l’ancienne et de la nouvelle information ou encore l’architecture des SNL maintenant une information (répétition versus changements linguistiques). Le type de texte ne fait varier aucune des variables concernant la forme du maintien d’un référent (à savoir : la proportion de l’ancienne information sous forme lexicale et sous forme pronominale 123 ainsi que la substitution avec ou sans changement linguistiques).

Les résultats de cette recherche laissent alors penser que nos individus évoluent quant à la planification de leur message : ils mobilisent des formes linguistiques différentes avec l’expérience et adaptent ces formes au contexte. Nous avons vu que, pour organiser les contenus activés, les locuteurs font appel à deux types de planification : la planification par connaissances rapportées et la planification par connaissances transformées (entre autres, Bereiter et Scardamalia, 1987 et 1998 ; Bereiter, Burtis et Scardamalia, 1988).124 À partir de l’analyse des formes, à considérer comme des traces de planification, nous pensons que, selon le niveau scolaire et le contexte de production, le type de planification sollicité est différent. Les analyses suggèrent que les plus jeunes de nos locuteurs/scripteurs ont plus tendance à faire appel à la planification par connaissances rapportés qu’à la planification par connaissances transformées, type de planification davantage sollicité avec les années de scolarisation. Les enfants mobilisent de plus en plus la planification par connaissances transformées, ils font preuve de flexibilité et d’adaptabilité.125

Notes
123.

Excepté pour les analyses des proportions de SN pronominaux ancienne information selon les positions syntaxiques.

124.

Notions présentées dans la Section 2.6 du Chapitre 2 (p. 79).

125.

De plus, avec les années de scolarisation, ils font de plus en plus de révisions dans leur textes ; néanmoins, ces révisions restent ciblées aux erreurs orthographiques (Cautain et al., 2008).