i.iii. Formes, positions et statut informationnel

Selon la position des unités observées, les facteurs impliquant des résultats significatifs ne sont pas les mêmes : les positions syntaxiques ne sont pas traitées de la même manière.

Dans notre Partie I (Théorie), nous avons vu que, selon divers travaux (Bock et Warren, 1985 ; Bock et Levelt, 1994 ; Keenan et Comrie, 1977 ; Leuwers, 2002 ; Levelt, 1999), l’attribution des rôles syntaxiques se ferait selon le caractère plus ou moins activé d’un élément : plus un référent serait activé, plus cet élément se verrait attribuer une fonction syntaxique dite de haut niveau (position sujet). De plus, certaines positions syntaxiques seraient prédisposées à être remplies par certaines formes. Ainsi, le lexique serait préférentiellement en position non sujet et les pronoms se verraient attribuer la position sujet (la contrainte du sujet léger, Chafe, 1994). Ces grandes tendances sont confirmées par nos résultats (Tableau 15).

[Tableau 15 : Formes et statuts des référents remplissant les positions sujet et non-sujet]
Tableau 15 : Formes et statuts des référents remplissant les positions sujet et non-sujet
Position SUJET remplie préférentiellement de : Positions NON-SUJET (objet et autre) remplie préférentiellement de :
Pronoms SNL
Si présence de SNL = SNL simples/légers SNL simples et complexes/lourds
Anciens référents Nouveaux référents
Ancienne information sous forme pronominale Si présence d’ancienne information, aussi bien sous forme pronominale que lexicale

Nos analyses montrent alors que formes, syntaxe et statut référentiel sont liés quant les choix linguistiques sont effectués. Nous ne pouvons les analyser séparément.

Les participants de notre étude préfèrent remplir la position sujet avec une forme pronominale qu’avec une forme lexicale, plutôt destinée à remplir les positions non-sujet. Les individus de notre étude respectent les principes selon lesquels : (a) l’ancienne information est préférentiellement en position sujet qu’en positions non-sujet et (b) la nouvelle information est préférentiellement en position non-sujet.

De plus, en nous penchant un peu plus sur la forme de l’ancienne information, nous notons que la position sujet est plus remplie par de l’ancienne information sous forme pronominale. En revanche, les positions non-sujet privilégient l’ancienne information sous forme lexicale. Enfin, si la position sujet est remplie par un SNL, ce qui est plutôt rare, ce SNL est simple. En revanche, les SNL sont plus lourds en position non-sujet.

Nous pouvons alors conclure que l’étude du syntagme nominal dans une perspective fonctionnaliste intégrant syntaxe et pragmatique semble essentielle à la compréhension du développement de la syntaxe discursive de la langue (Ravid et Berman, sous presse).