Partie I. Les politiques éducatives, la structuration et les réformes des systèmes d’enseignement au Brésil et en France

1. Les politiques d’éducation en Amérique Latine et en Europe, et les impacts sur la pratique pédagogique.

« L’école n’est pas du tout, comme le disait Alain, une sorte de “sanctuaire” au milieu des tumultes de notre époque. Les responsables de l’éducation aimaient bien cette idée de l’école sanctuaire, car elle donne l’illusion qu’il était possible de modifier l’organigramme et les règlements des études sens trop prêter attention au contexte. (Bousquet, M. M., 2001, p.121. La place de l’éducation dans le phénomène humain).

Dans cette première partie de notre travail nous engagerons une réflexion sur la politique éducationnelle en Amérique latine et en Europe, car nous pensons que celle-ci rendra possible une meilleure compréhension des réformes éducative qui se sont concrétisées au Brésil et en France, pays que nous avons circonscrits pour notre étude. Nous pensons aussi qu’en analysant les contextes plus généraux, cela nous aideraient à comprendre ce qui se passe dans la salle de classe, lieu dans lequel ces politiques se matérialisent.

Nous sommes conscients des risques encourus pour discuter dans ce chapitre en nous aventurant sur ces deux contextes, mais nous nous efforcerons de maintenir notre vigilance pour mieux comprendre les relations entre le point de vue global et le point de vue local.

Les points centraux qui nous avons pris en priorité pour cette discussion théorique sont les réformes éducatives, leurs origines et les grandes lignes de définition de ces politiques éducatives.

Le terme de politique éducative évoque des principes fondamentaux qui guident l’éducation tant au niveau national qu’au niveau régional, laquelle a comme objectif d’assurer une certaine continuité au système d’enseignement, ou de le faire évoluer selon les conditions sociales et politiques du moment.

Depover et Noël (2005) classent les politiques éducatives à deux niveaux : les politiques effectives qui réellement mises en pratique et les politiques formelles qui apparaissent dans les documents officiels.

Les grandes orientations des politiques éducatives élaborées dans les années 90, eurent quelques marques fondatrices qui nous aident à comprendre ce qui est en train de se produire dans la conjoncture actuelle dans différents pays du monde.

Une des premières marques de cette politique est apparue en Thaïlande en 1990, au travers de la conférence mondiale de l’éducation, convoquée par l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour l’Éducation et la Culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fond des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), la Banque Mondiale et la Banque Interaméricaine de Développement. Ces organismes ont agi comme co-directeurs de ces politiques, soit en finançant effectivement, soit en intervenant dans l’organisation des rencontres, des conférences parmi d’autres actions.

Cette conférence mondiale de l’éducation pour tous avait comme objectif de rendre favorable le contexte politique pour l’orientation des nouvelles politiques d’éducation ayant en vue le renforcement de l’éducation de base dans tous les pays du monde, principalement dans les pays où les contextes sont défavorables en lien avec cet aspect et les problèmes sociaux.

Dans cette conférence fut annoncée la Déclaration Mondiale de l’Éducation pour Tous, dans laquelle la communauté internationale adopta un point de vue élargi sur l’éducation de base, et qui propose la création d’espace d’apprentissage qui offre à tout individu la possibilité d’acquérir les éléments nécessaires pour poursuivre l’apprentissage et participer à la société dans laquelle il vit.

Un des axes de bases de cette Déclaration se centre sur la création de sociétés éducatives qui aident élargir, créer et renforcer les partenariats à tous les niveaux en visant le développement de l’éducation comme condition de base pour une meilleure insertion sociale.

Le Forum Mondial sur l’Éducation qui s’est tenu à Dakar en 2000, assume les principes déjà déclarés en Thaïlande et adopte un plan d’actions stratégiques qui favorisent l’accès à l’éducation de base pour tous.

Ce compromis est exprimé sous la forme de six objectifs et douze stratégies d’engagement que les gouvernants, la société civile et les organismes internationaux du monde entier devront observer que nous présentons ci-après :

  1. développer et améliorer sous tous leurs aspects la protection et l'éducation de la petite enfance, et notamment des enfants les plus vulnérables et défavorisés
  2. faire en sorte que d'ici à 2015 tous les enfants, notamment les filles, les enfants en difficulté et ceux appartenant à des minorités ethniques, aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu'à son terme ;
  3. répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l'acquisition de connaissances ainsi que de compétences nécessaires dans la vie courante ;
  4. améliorer de 50 % les niveaux d'alphabétisation des adultes, et notamment des femmes, d'ici à 2015, et assurer à tous les adultes un accès équitable aux programmes d'éducation de base et d'éducation permanente ;
  5. éliminer les disparités entre les sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici 2005 et instaurer l'égalité dans ce domaine en 2015, en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite.
  6. améliorer sous tous ses aspects la qualité de l'éducation dans un souci d'excellence de façon à obtenir pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables - notamment en ce qui concerne la lecture, l'écriture et le calcul et les compétences indispensables dans la vie courante.

Dans les grandes lignes, la politique mondiale présentée au Forum de Dakar se centre sur l’éducation de base en mettant l’accent sur les aspects comme : accès à un enseignement de base de qualité, accès aux connaissances produites, amélioration de la qualité de l’enseignement, développement des compétences de base pour leur mise en œuvre dans la vie quotidienne, amélioration du niveau de compétence en lecture, écriture et calcul. Ce n’est pas par hasard que dans divers pays, différentes actions sont en train d’être implémentées sur le niveau de la formation des enseignants, d’utilisation de méthodologies et de ressources technologiques pour accomplir ces objectifs.

Le PROMEDLAC, sigle qui désigne la réunion des ministres de l’éducation convoquée par l’UNESCO pour analyser le projet de développement politique pour l’Amérique Latine et Caraïbes que les rencontres et les séminaires ont impulsé en tentant de discuter les questions pertinentes soulevées par cette politique d’éducation. Dans le séminaire que s’est tenu à Santiago du Chili en 1993, furent traitées les questions suivantes qui se réfèrent à l’organisation du curriculum :

  1. Modalités de décentralisation ;
  2. Répartition des compétences ;
  3. Définition des objectifs ;
  4. Normes générales et établissement des contenus.