2. Structure et fonctionnement des systèmes d’enseignement brésilien et français.

2.1. Système éducatif brésilien.

2.1.1. Bref historique.

Le Brésil est une République Fédérative formée par l’Union de 26 États et par la District Fédéral. Le pays compte 5564 municipalités, 183.987.291 habitants pour une superficie de 8.514.876,599 km², équivalente à 47% du territoire sud-américain. En comparaison les autres pays du globe, le Brésil est le 5ème pays par la taille de sa population et par celle de sa surface.

Au-delà du territoire continental, le Brésil possède aussi quelques grands groupes d’iles dans l’Océan Atlantique comme par exemple: Penedos de São Pedro e São Paulo, Fernando de Noronha (territoire particulier de l’Etat du Pernambuco), Trindade e Martim Vaz no Espírito Santo. Il a aussi un complexe de petites îles et coraux appelé Atol das Rocas.

Les 27 unités de la Fédération sont regroupées en cinq grandes régions: Centre-Ouest, Nord-Este, Nord, Sud-Est et Sud.

Colonisé au XVIème par les Portugais, le Brésil est l’unique pays de langue portugaise du Continent américain. Dans le monde, c’est le pays dans lequel on dénombre le plus grand nombre de chrétiens dont une grande partie sont de confession évangélique. La société brésilienne est multiculturelle, fruit d’un métissage des descendants d’européens, d’indigènes, d’africains et d’asiatiques.

La 1ère République fut constituée en 1889. Près d’un siècle plus tard, la Constitution de 1988 introduit une rupture historique après les 20 années du régime de didacture militaire instauré par un coup d’état en 1964, et confirme sous le Régime démocratique présidentiel d’une République fédérative. Si le fédéralisme brésilien, quant à sa forme, s’inspire de celui des USA, il s’en différencie par ses règles de fonctionnement qui sont d’inspiration européenne de tradition germano-romaine. Le Pouvoir Exécutif est exercé par le Président, élu pour quatre ans renouvelables une fois, qui cumule les fonctions de chef de l’État et chef de Gouvernement. Concomitamment à l’élection présidentielle, les citoyens élisent leurs représentants au Congrès National, siège du Pouvoir Législatif. Ce Congrès est divisé en deux Chambres parlementaires : la Chambre des Députés dont le mandat est d’une durée de quatre ans, et le Sénat Fédéral dont les membres sont élus pour huit ans, et qui est renouvelable par tiers et deux-tiers alternativement tous les quatre ans.

Le Système d’enseignement au Brésil est composé des niveaux suivants : éducation enfantine, enseignement fondamental (fundamental équivalent à l’école primaire et collège), lycée et université.

Pour donner déjà une idée globale avant un développement plus détaillé de notre propos (2.1.3), nous fournissons le tableau synoptique suivant présentant les grandes lignes de l’organisation générale du système d’enseignement actuel.

Tableau 3: structure du système d’enseignement au Brésil
Dénonimation brésilienne. Educação Infantil Ensino Fundamental I Ensino Fundamental II Ensino médio Ensino superior
Pré-escola Alfabetização
1a – 4a séries
5a – 8a séries   Accès par concours :
vestibular
Age des élèves 0 à 6 ans 6 à 10 ans
11 à 14 ans
15 à 18 ans A patir de 18 ans
Dénonimation française correspondante. École
Maternelle
École primaire
Collège Lycée Enseignement supérieur
  CP CE1, CE2, CM1, CM2 6ème, 5ème, 4ème, 3ème 2nde, 1ère, Terminale 1° année licence

Le développement de l’Enseignement Fondamental I (Ensino Fundamental) qui concerne les jeunes de 6 à 10 ans, est une question extrêmement importante pour la réalité brésilienne. Cette tranche représente 55,4 % des 49 millions de jeunes scolarisés. (INEP, 2007)

Les institutions d’enseignement peuvent être de statut public ou de statut privé. Dans le statut public, les institutions sont créées, incorporées et maintenues par le pouvoir publique qui peut relever des trois sphères administratives : niveau fédéral, niveau de l’État, niveau municipal. Les institutions privées sont maintenues et administrées par des personnes physiques ou juridiques de droit privé.

Tableau 4: Établissements de l’Educação básica (Source: MEC/INEP: 2006.)
Nombre d’établissements par Rattachement Administratif, au 29/3/2006
  Etablissements d’Educação Básica
Total Dépendance Administrative
Fédéral Etat Municipal Privé
Brasil 203 973 206 33 336 134 894 35 537

Comme le montre les données fournies par les INEP (2006) concernant l’Educação básica, la zone de concentration du secteur privé de l’enseignement est la zone urbaine. En effet sur les 35537 établissements privés, 34802 se situent en zone urbaine contre 735 en zone rural. En d’autres termes, 97,93% des établissements privés de l’Educação básica se retrouvent en zone urbaine, ce qui met en évidence combien ce secteur délaisse la zone rurale brésilienne.

Tableau 5: Établissements de l’Enseignement Fondamental (Source: MEC/INEP : 2006.)
ESTABELECIMENTOS : Ensino Fundamental
Número de Estabelecimentos do Ensino Fundamental, por Localização e Dependência Administrativa, em 29/3/2006
  Établissements de Ensino Fundamental
Urbana
Total Fédéral Etat Municipal Privé
Brasil 72 846 38 23 049 30 919 18 840
  Rural
Brasil Total Fédéral Etat Municipal Privé
  86 170 3 5 967 79 863 337
TOTAL 159 016        

Durant les décennies 70 et 80, l’accent de la politique éducative brésilienne est mis sur l’expansion de l’accès à la scolarisation, par l’accroissement de l’accès à l’école de base (escola básica). Toutefois les taux élevés de redoublement et de décrochage scolaire pointent des problèmes qui mettent en évidence la grande insatisfaction à l’égard du travail réalisé par l’école.

Des indicateurs fournis par le Secrétariat de Développement et d’Évaluation Éducative (Sediae), du Ministère de l’Éducation et du Sport, réaffirment la nécessité de revoir le projet éducatif du pays, de façon à concentrer l’attention sur la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage.

S’il est vrai qu’il y a eu une avancée considérable en ce qui concerne le premier niveau de la scolarité, première phase de l’enseignement fondamental (de la 1ère série à la 4ème), il est aussi vrai qu’en ce qui concerne les autres niveaux de la scolarité, le développement reste insuffisant. En 1990, seulement 19% de la population du pays possédait le niveau du « premier degré complet » (niveau du collège en France) (primeiro grau completo) ; 13%, le niveau « médio » (niveau du lycée en France) et 8%, le niveau « supérieur ».

Revenant sur l’importance de la formation scolaire au niveau de l’enseignement fondamental et de l’enseignement moyen pour assurer une éducation des citoyens qui les rendent aptes à participer démocratiquement à la vie sociale, nous pouvons percevoir la situation d’urgence des tâches et des efforts que l’État et la société civil devront assumer pour dépasser à moyen terme le cadre existant.

En nous basant sur les études réalisées par les institutions d’évaluation statistique brésilienne, (INEP, 2006) il ressort que le redoublement (repêntencia) constitue un des problèmes majeurs du système éducatif brésilien. En représentant 13% des niveaux des inscriptions à l’enseignement fondamental (fundamental). Ainsi les élèves passent en moyenne 5 ans à l’école avant de décrocher et d’abandonner (evadir, evasão escolar) ou mettent environ 10 ans en moyenne pour accomplir les 8 classes de la scolarité obligatoire. (INEP, 2006).

La grande majorité de la population scolaire termine en décrochant et abandonnant l’école, démotivée par le taux élevé de redoublement, mais aussi sous la pression d’impératifs socioéconomiques qui contraignent une bonne part des élèves à cet abandon pour entrer précocement dans le monde du travail. Malgré l’amélioration observée quant aux indices d’abandon scolaire, le niveau des taux de passage en classe de Lycée est loin de celui attendu : En 2007, seulement 15,8% de l’ensemble de 53.028.929 d’élèves sont inscrits à l’éducation basique. (Educação básica). (INEP 2007).

À partir du milieu de la décennie des années 80, d’innombrables expériences et initiatives se produisent au sein des municipalités et des États avec l’introduction d’innovations dans les programmes visant l’amélioration de la qualité de l’enseignement, au-delà des nouvelles références institutionnelles définies par la Constitution de 1988.

De la même manière, dans les années 90, l’introduction d’innovations s’est accélérée avec le développement des processus décentralisateurs de transfert des ressources fédérales vers les autres niveaux de gouvernement. Ainsi nous pouvons considérer qu’en cette fin de XXème, le pays passe par une transition qui marque le début d’une nouvelle période d’engagement réel vers une amplification de la scolarisation effective de la population brésilienne.

Pour appuyer cette analyse, nous fournissons dans le tableau ci-après les statistiques de la scolarisation de 2005.

Tableau 6 : nombre d’inscrits selon les niveaux et les catégories scolaires en date du 30/3/2005.
Niveaux et catégories d’enseignement Nombre d’inscrits %
Educação Infantil
École maternelle
6.085.316 12.8
Ensino Fundamental
École élémentaire et Collège
27.821.352 57.3
Ensino Médio
Lycée
7.215.948 15,0
Educação Especial
Éducation spécialisée
313.832 0.1
Educação Jovens e Adultos
Formation des jeunes et des adultes
4.350.274 9.2
Ensino Profissional
Enseignement Professionnel
491.047 1.2
Ensino Superior
Enseignement Supérieur
2.002.733 4.4
Total des inscrits 48.280.502 100

Elles nous permettent de conclure sur la nette évolution de la scolarisation dans le système éducatif brésilien, même s’il reste un long chemin à parcourir pour atteindre l’équité désirée dans la mesure où il subsiste encore de fortes inégalités régionales et internes au propre système. L’espérance de scolarisation d’un enfant reste toujours basse. Globalement encore trop peu d’enfants réussissent à terminer le cycle complet de l’enseignement fondamental. Des enfants sont encore soumis à l’accomplissement de travaux non réglementés pour gagner un peu d’argent en s’exposant à de nombreux risques en n’étant, par ailleurs, pas prêts dans leur niveau de développement physique, ni préparés en termes de qualification.

Nonobstant nous ne pouvons nier les initiatives du Gouvernement fédéral ainsi que celles de autorités locales au niveau de l’État et des municipalités pour tenter d’inverser significativement et massivement cette situation.

Ces efforts de la part des différents niveaux de gouvernement paraissent devoir être plus concentrés afin que l’amélioration quantitative s’accompagne d’une amélioration qualitative dans les différentes dimensions qui organisent un système scolaire, parmi lesquelles nous pouvons citer la formation des enseignants, les rémunérations, le matériel d’appui pédagogique, l’adéquation des programmes scolaires, l’harmonisation et la systématisation de l’évaluation, la gestion des unités scolaires.