2.2.2. Les schèmes

Les schèmes peuvent être compris comme une organisation invariante de la conduite pour une classe de situations donnée. Ils sont formé nécessairement par quatre composantes :

  1. Un but, qui peut se décliner en sous-buts et anticipations ;
  2. Des règles d’action, de prise d’information et de contrôle ;
  3. Des concepts-en-acte et théorèmes-en-acte qui permettent au sujet de prélever l’information pertinente et de la traiter ;
  4. Et des possibilités d’inférence en situation.

Un schème génère des actions et doit contenir des règles, mais il ne s’agit pas d’un stéréotype parce que la séquence des actions dépend des paramètres de la situation. Un schème est ainsi un univers qui est efficace pour tout une gamme de situations et peut générer différentes séquences d’action; de collecte d’informations et de contrôle, selon les caractéristiques de chaque situation particulière.

Il y a des schèmes perceptivo-gestuels, comme ceux de compter des objets ou de construire un graphique ou un diagramme, mais il y a aussi des schèmes verbaux, comme celui de faire un discours ou encore des schèmes sociaux comme celui de séduire une personne ou de gérer un conflit. Les schèmes se réfèrent nécessairement à des situations ou à des classes des situations et G. Vergnaud en distingue deux :

  1. le sujet dispose dans son répertoire, dans un moment donné de son développement et sous circonstances précises, des compétences nécessaires au traitement relativement immédiat de la situation ;
  2. le sujet ne dispose pas de toutes les compétences nécessaires, ce qui l’oblige à un temps de réflexion et de l’exploration, à des hésitations, à des tentatives frustrées en le conduisant éventuellement au succès ou à l’échec.

Quand le sujet utilise un schème inefficace pour une situation, l’expérience doit le conduire soit à un changement de schème soit à une modification de celui-ci. Vergnaud (2007) considère que le concept de schème est le noyau d’une théorie de l’apprentissage. Ce concept a été crée par Kant, utilisé par des philosophes néo-kantiens et repris par Piaget, notamment dans ses études sur le processus de développement de bébés.

Pour Piaget cité par Vergnaud (2007) le schème est un processus issu des réflexes innés mais en étudiant ce processus chez les bébés, les enfants et les adolescents il a donné une contribution scientifique nouvelle dans le domaine de formation de concepts comme par exemple, la construction des notions du temps, de l’espace, du nombre, etc ;

Le développement des adultes en formation n’a pas été étudié ni par Piaget ni par Vygotski car Piaget ne s’est pas intéressé aux apprentissages dans des contextes scolaires et Vygotski, dans ses domaines de recherche n’a pas donné des exemples suffisants, à l’exception de l’apprentissage de la langue écrite. De son côté, Vergnaud (2007) considère qu’on apprend et on se développe dans tous les âges de la vie et ceci est un point qui fait que les entreprises et systèmes éducatifs s’intéressent aux différentes modalités d’enseignement-apprentissage. Selon cet auteur, ces modalités sont plus riches que les modalités d’apprentissage classiques.

Il rajoute qu’il est nécessaire un cadre théorique pour penser et analyser la forme opératoire de la connaissance, ce qui rend possible penser en situation. .Même si les théories de Vygotski et de Bruner continuent comme des références, Vergnaud considère que la recherche en didactique professionnelle (Pastré, Mayen, Vergnaud (2006), Pastré (2007) peut apporter des nouvelles dimensions à la réflexion sur le développement des adultes, par la prise en compte des contenus de connaissance qui n’ont pas été considérés dans les perspectives théoriques de Bruner et de Vygotski.