2.2.3. Les compétences professionnelles et le concept de médiation

Vergnaud (2007), en s’appuyant sur le concept de médiation proposé par Vygotski, considère que l’enseignant(e) est un médiateur dans la salle de classe. Cependant, pour qu’il puisse assurer ce rôle il est nécessaire de développer un certain nombre de compétences. Il souligne notamment le rôle de la forme opératoire de la connaissance qui permet de réaliser une activité et de réussir.

Il considère aussi qu’une personne est compétente pour une classe de situations donnée quand, par exemple elle peut faire quelque chose qu’elle ne pouvait pas faire auparavant. Toutefois, cette définition de la compétence est réductrice et rend silencieuse trois autres considérations complémentaires et qui sont décisives pour l’analyser les compétences car la performance est insuffisante pour comprendre la compétence :

  1. X est plus compétent que Y, s’il sait faire quelque chose que Y ne sais pas faire et cela d’une manière plus rapide et plus fiable ;
  2. X est plus compétent que Y s’il dispose d’un plus large éventail de méthodes lui permettant de faire face à de classes de situations variées ;
  3. X est plus compétent que Y s’il est moins démuni face à de situations nouvelles.

Ces trois considérations conduisent ainsi à l’analyse de l’activité enseignant(e) qui est beaucoup plus complexe que le produit final puisqu’une grande partie de leurs compétences professionnelles consiste en savoir sélectionner les informations pertinentes à partir de différentes aspects tels que les gestes, les informations perceptives, le langage, le dialogue et les raisonnements techniques et scientifiques. Dans ce sens, il faut souligner l’importance du contrôle de l’action pour l’analyse de l’activité enseignante car c’est seulement dans la condition où l’enseignant(e) est capable de récupérer les informations pertinentes dans la salle de classe qu’il peut contrôler l’activité qu’il exécute

Vergnaud (2007) remarque que, dans l’activité de l’enseignante) l’automatisme pur n’existe pas. Il considère que cette activité consiste à mettre en scène des situations pertinentes pour faciliter l’apprentissage des élèves. Pour cela, le choix des situations est très important, et on peut considérer cela comme un acte de médiation.

Quand les élèves se confrontent à des situations-problèmes, ils vont réaliser des choix et par conséquent vont mettre en action des schèmes. à ce moment, l’enseignant(e) doit comprendre les processus mis en œuvre par l’élève et les obstacles rencontrés au cours de l’apprentissage pour prêter une aide à chaque phase du processus.

En étant médiateur de l’apprentissage ses actes de médiation sont :

  1. Le choix de situations adaptées, ce qui va dépendre de ce qu’il a fait avant et ce qu’il va faire après ;
  2. L’aide dispensée à l’élève en matière des buts, de contrôle d’action de prise d’information, d’inférences et de conceptualisation ;
  3. L’observation du groupe classe, sa manière de réagir car la perception contribue à la conceptualisation par la prise en compte des informations pertinentes aux processus d’apprentissage.

Selon Vergnaud (2007), quand l’enseignant assure le rôle de médiateur il a les responsabilités suivantes : clarifier l’objectif de l’activité ; choisir des situations adaptées ;contribuer à l’organisation de l’activité y compris dans la prise d’information et le contrôle de la situation ; de faire émerger, au moins de façon partielle, les concepts et les théorèmes pertinents qui facilitent les inférences en situation ; enfin de mettre en mots et em symboles des connaissances et des règles de conduite.

La communication entre le médiateur et l’apprenti est touchée par les mêmes ambiguïtés que n’importe quel processus de communication. Il y a une distance entre les propos du médiateur et le sens qu’il possède selon ses propres invariants opératoires et ceux de l’apprenti.