3.2. Conceptions de l’interdicisplinarité

Henriques (1993) discute l’interdisciplinarité à partir de trois dimensions :

  1. une dimension didactique que cherche à aborder les implications de l’adoption du principe interdisciplinaire dans la reforme et dans l’organisation de la structure de la recherche et de l’enseignement (Machado, 1993; Santos, 1992) cités par Henriques (1993).
  2. une dimension épistémologique, qui interroge la nature et les spécificités de la connaissance produite dans les plusieurs disciplines et la relation entre elles (Frigotto, 1993; Brandão, 1993; Severino, 1991) ) cités par Henriques (1993).
  3. une dimension sociologique, soutenue par Soares (1991) et Reis (1991), qui abordent lacette questionà partir de la relation et / ou insertion des phénomènes éducationnelles au sein des mécanismes sociaux humains.

Dans la littérature sur interdisciplinarité, on observe une pluralité de positions, demandant au lecteur une définition claire de l’approche abordée.

Nous aimerions soulever que les positions ici évoquées sur cette thématiques a pour objectif une présentation de la diversité d’approches existantes. Il faut aussi annoncer que nous sommes beaucoup plus proche de la position soutenue par Freitas (2000). Sa compréhension sur interdisciplinarité va au-delà du champ conceptuel, ce qui permet une réflexion sur le travail interdisciplinaire à partir d’une discussion plus large de la didactique et en permettant une reconceptualisation du statut de la science pédagogique.

‘“La question de l’interdisciplinarité est donc une thématique fondamentale pour la conceptualisation de la science pédagogique et pour le changement de la faon de production de la connaissance à l’intérieur des facultés d’éducation. La théorie pédagogique depend aussi de ce changement. » (Freitas, 2000, p. 91).’

Elle est équivalente à intégration, comprise comme une interpénétration des méthodes et des contenus disciplinaires qui se proposent à travailler de façon commune, un certain objet d’étude.

Pour intégration :

‘“... on ne doit comprendre ni l’unification des systèmes existantes dans quelque chose d’unique, ni la somme singulière de la connaissance ancrée par des différentes disciplines sur un objet de grand interet pour l’être humain (…) mais la tendance, dans le processus d’inter-relation , à une assimilation réciproque des disciplines, des méthodes et des langages, pour une application lors de l’étude de son objet. » (Kopinn, 197, cité par Freitas, 2000, p. 91)’

La possibilité d’interdisciplinarité dans les sciences sociales se situe dans les limites des relations sociales de production et dans l’ordre capitaliste – il s’agit d’une relation complexe. Nous avons besoin de lutter avec des outils qui rendrent possible le dévoilement de la logique de l’organisation du travail pédagogique qui est matérialisé au sein de l’école et de sa contradiction, en cherchant la transformation de la pratique.

Si on situe l’interdisciplinarité à l’extérieur de la théorie de la connaissance, elle va se conduire avec des formules magiques, destinées à recomposer une connaissance fragmentée, comme si elle n’était pas partie constitutive de l’acte de construction de connaissance en pouvant s’imposer à lui a posteriori. En dehors du matérialisme dialectique, l’interdisciplinarité perd son pouvoir révélateur.

‘“... Les études interdisciplinaires, si isolées de la structure de la dialectique, finissent comme des victimes de leur propre propos - l’explication des connexions et les multiples déterminations se transforment en une analyse logique exhaustive et minutieuse qui essaye d’atteindre les détails d’un phénomène en ignorant son essence »(Krapívine, 1986,cité par Freitas, 2000, p. 92)’