B.3- Les articles complémentaires

Au-delà de ces articles traitant directement du sida, et, compte tenu des causes évoquées par les chercheurs dissidents opposés à l’hypothèse virale du sida, nous avons retenu dans Cameroon Tribune les articles qui abordent les thèmes tels que la drogue, l’usage abusif des antibiotiques, la malnutrition (ou la famine) les infections multiples, des thèmes abordés par des chercheurs dits dissidents, opposés à l’hypothèse virale du sida. Il s’agit là d’une préoccupation supplémentaire, visant à découvrir le lien que ces chercheurs établissent entre ces thèmes et le sida. Sauf par manque de vigilance de notre part, il ne nous a pas semblé que le stress permanent et les transfusions sanguines répétées aient préoccupé Cameroon Tribune durant notre période d’observation. Nous avons par ailleurs pris en compte les articles portant sur la vaccination. Notre intérêt pour ces thèmes se justifie par le fait que certains discours dominants s’y réfèrent pour expliquer l’épidémiologie du sida. Il en est autant de certains autres discours dominés qui estiment que le sida en est la conséquence.

Des chercheurs qualifiés de dissidents estiment que le sida n’est pas simplement aggravé par la malnutrition, les infections multiples, l’usage abusif des antibiotiques, le stress permanent, la prise régulière des drogues ou les transfusions sanguines répétées ; il en est la conséquence. En d’autres termes ces chercheurs estiment que chacune de ces pratiques, à elle seule, peut causer le sida.

Par rapport aux discours officiels, le concept de cofacteurs évoqué par le codécouvreur du VIH, Luc MONTAGNIER met de plus en plus l’accent sur les sujets précédents considérés comme des sortes de catalyseurs qui, sans expliquer à eux seuls la pandémie du sida, en favorisent la survenue et l’épidémiologie. Pour eux, le VIH tout seul est peu pathogène, il ne le devient qu’en présence des cofacteurs dont font partie les thèmes ci-dessus évoqués.

Au-delà de ces thèmes, d’autres chercheurs ont évoqué pêle-mêle le contrôle des naissances, les armes chimiques, l’échec des programmes vaccinaux, pour expliquer le sida. Il ne s’agit bien évidemment pas des biologistes.

Pour les premiers, le sida serait le résultat d’une manipulation génétique imputée pour l’essentiel aux Etats-Unis d’Amérique. L’idée de fond est que le gouvernement américain manipule génétiquement des virus et des bactéries à des fins militaires. Le but étant d’en user comme armes destinées à tuer de manière sélective les humains dans des régions qu’ils souhaiteraient occuper. Le sida serait donc un virus résultant d’une telle manipulation, raison pour laquelle il est difficile à maîtriser et qu’il a émergé aux Etats-Unis.

Ceux qui pensent que le sida résulte d’un programme vaccinal peuvent se regrouper en deux catégories. Les premiers évoquent une campagne de vaccination criminelle visant à exterminer les homosexuels et les Noirs des Etats-Unis. La deuxième catégorie affirme que le programme vaccinal incriminé n’avait aucune intention criminelle ; il se serait simplement agi d’un programme qui n’avait respecté aucun protocole scientifique éthique. Le problème selon ces derniers vient de ce que des essais auraient été directement appliqués sur les hommes, et l’échec du vaccin a abouti au sida.

Loin de nous l’intention de trancher ce débat. Notre souci est de voir quelle importance tous ces différents thèmes occupent dans l’opinion camerounaise au moment où apparaît le sida. Cameroon Tribune en tant qu’unique quotidien de début des années 80 nous permet de retrouver les préoccupations sociales de cette époque. Nous n’en avons pas fait une focalisation, notre objectif étant ailleurs. C’est dans ce sens que ces thèmes n’ont fait l’objet d’une recherche systématique que pour les trois premières années (85-87). Par la suite nous n’avons retenu que les articles qui avaient un apport significatif nouveau.