B.4.1- L’observation directe

Parmi les messages collectés par l’observation directe, il faut ajouter la traduction de certaines chansons, de certains synopsis de film de télévision ou des répliques ironiques à certains spots médiatiques. C’est le cas par exemple d’un spot radiophonique qui disait

‘« Le sida ne pardonne pas »’

Les jeunes, tout en gardant la même rime, chantaient :

‘« Le sida me pardonnera ». ’

Contrairement aux messages dominants qui ont l’obligation de traduction dans l’autre des deux langues officielles et qui de ce fait, font des messages en anglais des doublures des messages en français, nous avons considéré que dans le cas des messages des masses, chaque sondé s’exprime dans la langue qu’il maîtrise sans se préoccuper de la traduction dans l’autre langue officielle. Nous avons donc admis, comme complémentaire, et non comme substituables, ces deux langues.

Dans le cas de l’observation directe nous retenons les propos suivants :

‘Je n’utilise pas le condom j’ai plus de 50 ans. Si je contracte le vih aujourd’hui, j’ai une dizaine d’années avant de mourir. Dans ce cas, je mourais dans la soixantaine, ce qui est normal.’

Propos tenu par un technicien de son de la radio nationale (CRTV) le 16 avril 2004 devant l’immeuble la radio vers 17 heures.

- La campagne contre le sida est une affaire d’argent.

- C’est vrai, les gens qui vont faire les témoignages dans les médias le font pour récolter de l’argent et voyager à travers le monde.

- Si on est séropositif on va voyager à travers le monde et se faire beaucoup d’argent

- Ce n’est pas toujours ça, la vérité c’est qu’il existe plusieurs types de virus avec des virulences variables. Selon qu’on est atteint par le plus faible, la période d’incubation peut aller à plus de 10 ans. Dans le cas contraire, on fait la maladie plus tôt.

Conversation entre 3 personnes écoutées à Yaoundé à l’entrée de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) le 28 juin 2004 à 14 heures.

Le sida est le résultat des recherches d’un Blanc, disait la première ; ce Blanc a envoyé d’autres Blancs en Afrique pour contaminer un certain nombre de personnes soit avec les injections, soit par des rapports sexuels ;

C’est vrai, acquiesça l’autre ; c’est pour cela que ma grand-mère nous disait que nous qui voyageons, si quelque chose te pique, il faut vite examiner cette piqûre.

On dit aussi, reprend la première, qu’il y a des organisations clandestines chez les Blancs qui arrêtent les femmes qui n’ont pas de papiers là bas chez les Blancs et les obligent à coucher avec les animaux. C’est ce genre de relations sexuelles qui ont amené le sida.

Ce sont même ces rapports entre les Blancs et les Noirs qui ont apporté le sida, conclut la deuxième.

Il s’agit d’une conversation entre deux femmes, écoutée le 11 novembre 2004, au quartier Mbog-Abang (Yaoundé).

Une sœur déclarée séropositive s’est mise en prière. Elle s’est confiée à Dieu dans ces moments de détresse. Vous comprenez le problème ! Bien après cette prière fervente et de longs jeûnes, elle refait le test qui se révèle négatif. Qui a fait le miracle ?

- Dieu ! Répond l’assistance.

Propos tenus par un pasteur de l’Eglise Adventiste du 7e jour le vendredi 29 décembre 2005 à Odza (quartier de Yaoundé) lors de l’Assemblée régionale réunissant 6 Eglises du district de Yaoundé IV de cette confession religieuse.

Une veuve d’un malade du sida qui faisait elle-même déjà la maladie. Elle est venue me voir et nous avons prié ensemble. Par la suite elle a fait les tests dans trois centres de santé différents. Tous ces tests se sont révélés négatifs.

Témoignage d’un pasteur de l’Eglise Pentecôtiste à la radio (CRTV poste national) samedi le 26 Août 2006 à 8 heures.

Chaque mois le Cameroun paye environ 180 millions de francs CFA de subventions à la trithérapie.

Propos du Dr. FEZEU, le Secrétaire permanent du CNLS (23/11/2005).

Il y a trop de publicité et cette publicité absorbe tous les fonds au lieu de subventionner l’achat de médicaments et rendre la lutte efficace, ce qui laisse croire qu’il y a quelque chose en dessous.

Intervention en direct d’une auditrice de l’émission interactive "CRTV m’Accompagne" (Radio Nationale) le 23 novembre 2005.

Je ne comprends pas. Il y a notre professeur de biologie qui nous a dit que le condom a des trous ; c’est comme un tamis qui retient seulement les bactéries et ne peut pas retenir les virus.

Un élève au Journal Télévisé Bilingue de 20h 30 le 26 novembre 2005.

Le virus du sida qu’on dit là, ce n’est rien. Ce qui soigne le sida, c’est le miel, le miel pur, la fleur, l’abeille et un produit amer. Tu vas à l’hôpital [après] on ne voit rien. On dira que c’est une maladie mystique.

Maturin, un guérisseur traditionnel dans le bureau du sous-directeur des Programmes radio de la CRTV devant huit personnes le 13 décembre 2005.

Ce sont ces messages et articles qui constituent notre corpus de base.