Chapitre III.
Les acteurs et le statut des acteurs

Dans sa théorie de la structuration, Anthony GIDDENS distingue d’une part, les structures sociales qu’il appréhende sous l’angle du mouvement et d’autre part, l’action. Les acteurs, suivant cette théorie, sont ceux qui produisent ou reproduisent l’action. Anthony GIDDENS les appelle indifféremment acteurs sociaux ou acteurs humains . Ces acteurs se caractérisent par ce que ce chercheur britannique appelle la « capacité réflexive » c’est-à-dire qu’ils sont capables de comprendre ce qu’ils font pendant qu’ils le font. Toutefois pour lui, cette réflexivité n’opère qu’en partie au niveau discursif, l’autre part, la conscience pratique n’étant pas exprimée. Seule la capacité discursive nous intéresse dans le cadre de cette étude. Nous entendrons donc par acteur, toute personne physique ou morale, capable d’échanger oralement ou par écrit des messages portant sur le sida, que ce soit dans les actes de la vie courante ou dans le cadre d’un sondage. Bruno LATOUR (1995) distingue dans l’appréhension de la science, les contenus des énoncés scientifiques d’une part et les contextes de production de ces énoncés d’autre part. L’étude de ces deux aspects est menée, du moins dans la tradition française par l’épistémologie, dans le premier cas, et par la sociologie des savants pour le deuxième. G. MALLARD à cet effet, dira :

‘ « …l’objet d’étude de la sociologie des savants est l’institution sociale de la science, avant qu’elle soit parvenue à son moment de vérité. A ce moment-là, une analyse sociologique des institutions scientifiques est justifiable puisque les rapports institutionnels ne dépendent pas de la vérité des énoncés que les savants découvrent » (2001,1). ’

La communication sur le sida au Cameroun fait intervenir une pluralité d’acteurs. De manière prosaïque, nous dirons qu’au Cameroun, tout le monde parle du sida. Une telle perspective ferme la voie à toute tentative d’analyse des acteurs de la communication sur le sida au Cameroun et nous place dans une impasse. Pour contourner cette difficulté, nous allons une fois de plus nous inspirer de Michel FOUCAULT qui parle de typification. Nous allons donc déterminer les différents types d’acteurs qui interviennent dans la communication sur le sida au Cameroun. Les axes de typification sont eux aussi multiples, mais nous privilégions celui qui rend intelligible, la typification primaire établie par rapport aux messages et discours à savoir : l’opposition entre la logique dominante et la logique dominée. Cet axe de typification nous situe dans un rapport de pouvoirs. Les types d’acteurs en question ici sont dans une quête de légitimation. Notre typification va donc nous permettre de rechercher la structuration générale du processus de légitimation de la communication sociale sur le sida au Cameroun. Nous nous intéresserons ainsi aux institutions publiques, aux institutions parapubliques et privées et à certains individus revêtus d’un statut permettant de les distinguer.