A.1.1- Le ministère de la Santé publique

Quand apparaît le sida au Cameroun au milieu des années 80, il s’agit d’un problème de santé publique qui, de ce fait, est pris en charge par le ministère de la Santé publique et les médecins. Il faut relever que le Cameroun accède à l’indépendance en 1960 avec un constat d’insatisfaction par rapport à la couverture sanitaire. Dominique KONDJI KONDJI relève à cet effet les caractéristiques suivantes :

‘« - une couverture sanitaire insuffisante… ;
- des soins de santé destinés aux privilégiés ;
- des campagnes de lutte contre les endémo-épidémies ;
- des campagnes de vaccination de masse ;
- la gratuité du médicament ;
- la chimioprophylaxie de masse contre le paludisme
 ». (2005, 96)’

Après l’indépendance, les autorités camerounaises en charge des problèmes de santé ont entrepris de donner l’orientation de leur action. Dominique KONDJI KONDJI souligne à cet effet :

‘« … dans un élan de responsabilité et de souveraineté, le gouvernement camerounais définissait ses premières orientations politiques en matière de santé en se fixant pour objectif premier, la réalisation graduelle de la couverture sanitaire totale de la population sur tous les aspects de la médecine par les soins curatifs, préventifs et l’éducation pour la santé ». (2005, 97)’

Il apparaît à la lumière de cette citation, que le gouvernement du Cameroun postcolonial ajoute à l’action antérieure, le volet éducation pour la santé. Ces différentes missions sont assurées par le ministère de la Santé publique. Le volet éducation pour la santé place d’office le ministère de la Santé publique dans une situation d’acteur majeur de la communication sur la santé, cadre dans lequel s’inscrit le sida. En tant qu’organe du pouvoir exécutif dans l’appareil de l’Etat, le ministère de la Santé publique au Cameroun a un statut d’autorité publique. A ce titre, il jouit d’un pouvoir de décision déterminant dans l’organisation de la communication et de la lutte contre le sida. Par ailleurs, c’est lui qui coopère avec les institutions internationales. Dans le cadre de la communication, le ministère de la Santé publique est un acteur déterminant de la censure, dans la mesure où c’est lui qui, en dernier ressort au plan national, détermine ce qui doit être dit et ce qui doit être tu sur le sida. C’est, en effet, la décision du ministre de la Santé publique qui crée le CNLS qui est l’organe chargé de la conception, de la validation et de la coordination de la communication sur le sida au Cameroun.