A.2.3- ONUSIDA

ONUSIDA a pris le relais du travail entamé par l’OMS. Dans cette perspective, le programme commun des Nations Unies sur le sida produit des statistiques sur l’épidémiologie du sida dans le monde, analyse les stratégies abordées pays par pays et rend compte de l’état d’avancement de la recherche, du moins celle des chercheurs dominants. Ces bilans, dressés aussi bien sur le plan de l’épidémiologie que sur l’état de la recherche, véhiculent une logique bien précise. Le rapport 2004 par exemple avance en page 13 :

‘« Sa propagation rapide, son étendue et la gravité de son impact font de l’épidémie de sida un phénomène unique dans l’histoire de l’humanité. Depuis le premier cas diagnostiqué en 1981, le monde a lutté pour en maîtriser les aspects les plus frappants.  Les premières tentatives de riposte ont été fragmentaires, établies au coup par coup, avec des ressources incroyablement faibles ; rares ont été les communautés qui ont reconnu alors le danger à venir et plus encore plus rares celles qui sont parvenues à mettre sur pied une riposte efficace ».’

Il apparaît à travers cette citation que le sida est une dangereuse épidémie qui envahit le monde entier et que personne ne parvient à stopper. L’échec de la maîtrise du sida pour l’ONUSIDA est dû aux mauvaises stratégies mises au point dans différents pays. Plus bas, l’article affirme :

‘« Nous savons maintenant que les approches de prévention intégrées apportent les meilleurs résultats. Un leadership national qui n’a pas froid aux yeux, une prise de conscience étendue au sein du public et des efforts de prévention intensifs auront permis à des nations entières de diminuer la transmission du VIH. ».’

Ces deux citations permettent de retrouver les axes majeurs du discours dominant sur le sida. Il s’agit de la description de la rapide expansion d’une dangereuse maladie qui se transmet par le VIH. L’incapacité « des nations » à stopper l’épidémie résulte de leur incapacité à faire prendre conscience aux citoyens des risques encourus par rapport aux modes de transmission du virus responsable de l’épidémie. L’article ne revient plus sur les modes de transmission du virus. Toutefois, un accent est mis dans la suite du texte, sur le traitement (les antirétroviraux) devenu plus efficace et donc capable de « Prolonger la vie et réduire l’impact physique de l’infection ». L’ONUSIDA, comme l’OMS dont elle a pris le relais dans la lutte contre le sida au niveau des Nations Unies, a un double statut de l’autorité publique internationale et d’autorité scientifique. Cette autorité se trouve renforcée par une spécialisation plus pointue que celle de l’OMS. En effet, alors que l’OMS s’occupe des questions de santé en général, l’ONUSIDA n’est focalisée que sur le sida, son autorité scientifique s’en trouve renforcée. En effet, dans la logique scientifique, la spécialisation confère la présomption de maîtrise et d’efficacité.