B.1- Encadrement des personnes atteintes

L’encadrement des personnes atteintes par le sida apparaît comme le premier type d’action non médicale engagée dans la gestion du sida au Cameroun. Cette action a évolué dans le temps en fonction de la conception du sida. A la fin des années 80 et au début des années 90, il est question d’aider les personnes atteintes de sida « d’accepter le diagnostic » qui, à cette époque, était synonyme de sentence de mort. Ces personnes étaient alors appelées sidéens. Il est important de relever ici qu’à cette époque, la psychose du sida était à son comble. Une personne diagnostiquée comme sidéenne était aussitôt isolée par son environnement. Parents, amis et voisins évitaient d’avoir des contacts physiques directs avec le malade. Il était servi dans un couvert spécial qu’il fallait laver, en prenant soin de mettre les gants. En effet, l’idée de la transmission du sida par voie sanguine laissait imaginer qu’en lavant la vaisselle utilisée par un sidéen, on courait le risque de contracter la terrible maladie au cas où on aurait une lésion quelconque dans la main. Bien des malades étaient souvent abandonnés dans les hôpitaux du fait de cette psychose. D’ailleurs, même le personnel soignant éprouvait la même terreur face aux malades.

Dans ce contexte de psychose, on a enregistré beaucoup de cas de suicides. Nous en avons connu deux dans notre environnement. Il faut relever que les suicides dus au diagnostic du sida, apparaissent comme un phénomène mondial. En effet, dans un article de Cameroon Tribune intitulé Le sida, un des problèmes majeurs en Afrique centrale on peut lire : « Par ailleurs, deux hommes dont l’un était atteint du sida (syndrome immunodéficitaires acquis) se sont jetés vendredi par désespoir du 35 e étage d’un immeuble de New-York… » Quand par la suite, la trithérapie est présentée comme pouvant prolonger la vie, le problème qui se pose des lors est de détecter tôt l’infection, afin de mieux la traiter. Les personnes atteintes, prennent alors la désignation de personnes vivant avec le virus du sida (PVV). La prise en charge psychologique vise alors à aider ces personnes à accepter leur statut, à prendre les médicaments et à éviter de se surinfecter dans d’autres contacts (sexuels).

La mise dans le marché de nouvelles molécules réputées efficaces laissera dire aux spécialistes qu’on peut désormais vivre avec le vih. Le concept de sida étant désormais devenu vih/sida, les personnes affectées seront désignées par PVVS pour dire les personnes vivant avec le vih/sida.