C.1.1- Les herboristes et naturopathes

Le Petit Robert définit le mot herboriste comme une « personne qui vend des plantes médicinales et accessoirement de nos jours, des drogues simples (à l’exclusion des médicaments) ; des produits hygiéniques, de la parfumerie ». Cette définition ne rend pas véritablement compte de la réalité que nous voulons décrire ici. Par herboriste et conformément à l’usage commun qui est fait de ce concept, nous voulons désigner une personne qui guérit une ou plusieurs maladies par les plantes médicinales, qu’elle les vende ou le fasse gratuitement.

Le naturopathe au-delà de l’herboriste, ajoute à l’usage des plantes médicinales, le respect des lois de la nature pour soigner les maux du corps humain. Dans ce sens, le terme naturopathe a davantage le sens hippocratique de naturiste. Pour le naturopathe, la santé résulte du respect des lois de la nature. Ainsi, l’alimentation et l’environnement sont autant d’éléments à prendre en compte dans l’analyse de la vie et de la maladie.

Au Cameroun, les herboristes et les naturopathes sont des importants acteurs de la communication sociale sur le sida. Ils jouissent d’un statut d’autorité culturelle avec une compétence ethno-scientifique. En effet, la connaissance des plantes médicinales s’acquière par la tradition, les générations anciennes la transmettant aux jeunes générations. Dans la pratique, chez les Beti par exemple, c’est le malade qui, au terme de son traitement, demande au soignant de lui céder la connaissance de la (ou des) plante utilisée. Parce que dans ce processus, c’est l’efficacité du médicament qui conditionne la transmission de la connaissance, le discours de l’herboriste est crédibilisé par cette présomption d’efficacité.

Le naturopathe, à la différence de l’herboriste traditionnel, se présente au public comme quelqu’un qui a étudié dans les canons de la science moderne, les plantes médicinales et les lois de la nature. Dans ce sens, il se pare des attributs de la science pour crédibiliser son discours.