B.1-2- Fonctionnement

A l’intérieur, l’espace est occupé selon la hiérarchie concernée. Au bas de l’échelle, les bureaux sont occupés par plusieurs agents dont certains peuvent partager à deux voire à trois une seule table. Plus on monte vers le sommet de la hiérarchie, moins on trouve d’agents dans un même bureau. Certaines administrations admettent plus d’un agent du rang de sous-directeur dans un même bureau mais à partir du rang de Directeur, le commis est seul dans son bureau. Il dispose d’un secrétariat qui peut avoir plusieurs secrétaires et d’autres types d’agents.

De manière générale, les agents publics, quelque soit leur niveau de responsabilité, mettent un soin particulier à leur tenue vestimentaire. Le costume est généralement de type occidental (veste et cravate pour les hommes et jupe ou pantalon pour les dames). Les langues parlées sont : l’anglais et le français qui ont le statut de langues officielles. Toutefois des langues nationales y sont aussi parlées mais dans des conversations à caractère intime, là où des gens du même groupe ethnique se retrouvent.

Les services offerts par ces administrations sont des services d’autorité : les autorisations, les attestations, les ordres de missions, les ordres de paiements, la certification des documents, les paiements et les perceptions. Il s’agit des actes qui, en eux-mêmes manifestent ou expriment l’autorité publique. Ce sont des actes assertoriques qui font de l’administration publique non seulement la source du pouvoir mais aussi la source de la vérité. Une pièce (un acte de naissance, un diplôme) est considérée comme vraie ou authentique si elle reçoit le sceau de l’administration (mairie, sous-préfecture, préfecture, services du gouverneur, ministère, présidence de la République). Les administrations publiques ont une position d’aplomb par rapport au reste de la société. Le président de la République, parlant de la rumeur dira dans un de ses discours (cf. CT n°3080 du 20 septembre 1984) que la rumeur vient d’en bas alors que la vérité vient d’en haut. La posture d’aplomb des administrations publiques et le caractère assertorique de ses actes font des administrations publiques des espaces d’information où « la vérité qui vient d’en haut » tombe verticalement vers le bas sans débat. Dans le cadre de la communication sur le sida au Cameroun, les administrations publiques sont des lieux de reproduction du discours dominant. Dans le fond, le problème est plus complexe. En effet, les responsables administratifs sont ceux qui tiennent officiellement les discours dominants alors que les agents subalternes entretiennent dans une sorte de dissidence sournoise, des discours dominés quand ils sont loin de leurs chefs.