C.3.2- Fonctionnement

L’activité dans le marché autant que dans le transport en commun est une activité commerciale donc d’échange. Il s’agit de l’échange des produits dans le cas du marché et échange de service dans le cas des transports en commun. Toutefois, les deux activités présentent quelles que différences structurelles. Dans le marché, les relations sont individualisées alors que dans le transport en commun les passagers sont mis en commun dans des moyens de transport sans que forcément compte soit tenu de leurs affinités. Au-delà de la communication qui s’établit entre offreurs et demandeurs dans le marché, les transports en commun créent des conditions de communications entre demandeurs, du fait de la proximité créée aussi bien dans les points d’embarquement que dans les moyens de transports. Par ailleurs, en les soumettant aux mêmes conditions de stress, les transports en commun favorisent les contacts de communication entre passagers. Au marché comme dans les débits de boissons, les acteurs sont équivalents. Certes le vendeur se présente comme celui qui maîtrise l’objet à vendre, mais cette compétence ne peut s’étendre au-delà de ce produit. La communication au marché est marquée autant que la communication dans les débits de boisson par la convocation des arguments. Certains acteurs n’hésitent pas cependant à convoquer la compétence de certains institutions (les médias, les autorités politico-administratives, les autorités religieuses, etc.).

Dans les transports en commun, les transporteurs sont compétents pour renseigner les voyageurs et les accompagnateurs sur les horaires des voyages, sur l’état des moyens de transport et sur les durées de trajets. Cette compétence n’est plus reconnue des autres acteurs dès lors que la communication se déporte sur un autre domaine.

Comme dans les débits de boisson, les marchés et les transports en commun sont des espaces de communication où les acteurs sont libérés des prérogatives des espaces institutionnels. Différents points de vue, différents regards sur la vie et sur la mort s’y retrouvent et se respectent sans censure. Par rapport à la communication sur le sida, les marchés et les transports en commun sont des lieux de libre échange d’opinions, de croyances et d’expériences. Discours dominants et discours dominés s’y rencontrent à visages découverts sans que l’un cherche à étouffer l’autre. Les marchés et les transports en commun offrent des occasions de construction des discours de synthèse.